Du Spatial classique au NewSpace
Une belle histoire entrepreneuriale
De Tech à tech

Le trolley Dolly développé par Avantis © DR
Depuis 2004, tout un pan de l'activité d'Avantis s'est orienté dans le spatial quand le groupe s'est positionné en appui de la production de satellites. Avantis fabrique de nombreux équipements de support au sol et des pièces de vol pour satellites. Des équipements qu’elle conçoit en grande partie à partir de ses deux sites situés en Pays de Grasse. La rédaction a échangé avec Alexandre Alati, directeur du site de Grasse, pour faire le point sur les actualités de la société.
Dans le domaine du spatial, Avantis commence à avoir une solide réputation. Elle tire notamment son épingle du jeu en maîtrisant la supply chain de A à Z et en étant capable de faire des installations chez les clients. Aujourd’hui, la société a pour clients les plus grands donneurs d’ordre européens, de l’Agence spatiale européenne, au CNES via Airbus Defense & Space à Toulouse. Une grosse part de son activité se réalise avec Thales Alenia Space dont le siège est installé à Cannes La Bocca. Avantis a donc cherché à s’implanter à proximité et a jeté son dévolu sur Grasse où elle a acquis en 2009 un bâtiment disposant d’une belle surface. Un choix foncier qu’elle ne regrette pas, bien moins onéreux dans l’arrière-pays que sur le littoral, et le site de Thales n'est qu’à une vingtaine de minutes...
Grasse et Pégomas...
Back office incontournable de la filière spatiale azuréenne
Le groupe dispose de plusieurs sites en France sur lesquels elle a défini des pôles de compétences. Le site de Grasse est reconnu comme référent dans le secteur du spatial, domaine dans lequel il réalise une grande part de son chiffre d’affaires. Le site grassois héberge essentiellement des bureaux dans lesquels ses équipes conçoivent des équipements dont la plupart seront ensuite fabriqués dans l’usine Avantis du Lot de 4 000 m2, située à deux heures de Toulouse.
Dans le spatial, la société conçoit plusieurs types d'équipement. Les MGSE d'abord pour Mechanical Ground Support Equipment. Ce sont des machines qui permettent d’assembler les satellites et de procéder à tous les tests de qualification. L'entreprise conçoit également des pièces de vol, qui font partie intégrante du satellite, et qui ont vocation à séjourner dans l’espace.
La conception de ces outillages et pièces de vol démarre d’une feuille blanche à Grasse. Un cahier des charges précis sert de base à l’élaboration d’un concept qu'Avantis va faire valider par le client. Le bureau d’études va ensuite calculer et dimensionner ce concept, tout en vérifiant qu’il réponde bien au cahier des charges.
L'entreprise assure également la phase très lourde de documentation. Une tâche qui prend de plus en plus d’importance dans le spatial et qui représente désormais 35 à 40 % des activités à Grasse. Tout ce travail effectué, le site de Grasse peut alors passer le relais aux équipes chargées de la fabrication et du contrôle des équipements.
À noter que dans notre département, Avantis dispose également d’un vaste atelier à Pégomas, spécialisé dans la maintenance et les services après-vente. C'est un atout important, notamment vis-à-vis de Thales Alenia Space, un client qui n’attend pas qu’Avantis se contente simplement de livrer un équipement. Le souhait ici est de pouvoir maintenir l'équipement en condition opérationnelle pendant de nombreuses années, et le site de Pégomas s’y emploie en faisant de la maintenance préventive et curative. De quoi assurer la fiabilité et la sécurité des équipements.
Une solide réputation dans les MGSE
Au fil des ans, Avantis a acquis une belle renommée dans la conception et la fabrication de MGSE. Un terme assez vaste qui relie tous les moyens au sol dont on a besoin pour réaliser l’assemblage et la qualification d’un satellite ou d’une partie de satellite. Selon Alexandre Alati, le directeur du site Avantis de Grasse : « Depuis 2004, nous avons livré près de 500 moyens d’essais ou d’outillages et nous sommes implantés dans tous les secteurs. Nous maîtrisons désormais parfaitement cette activité. »
L’un de ses produits phares est le Multi Purpose Trolley Dolly, dont elle a livré près de 25 exemplaires dans le monde. Il s’agit d’un outillage de sept tonnes qui permet de mettre un satellite dans toutes les positions pour faire de l’assemblage. Un outillage particulièrement fiable puisque les premiers, livrés en 2004-2005, sont toujours en fonction aujourd’hui, vingt ans plus tard.
Avantis fabrique également des outils pour aider certains clients à réaliser leurs panneaux vols en composite ou faire du collage particulier. D’autres de leurs outillages servent à tester un satellite ou des sous-systèmes afin de vérifier qu’ils puissent résister aux vibrations lors du lancement, ou aux fluctuations de températures très basses et très hautes lors de leur séjour dans l’espace.
Avantis fournit aussi des moyens, qui peuvent être assez lourds, pour vérifier le bon positionnement des antennes d’un satellite afin que demain, lorsque ce dernier se retrouvera à 36 000 km de la Terre, il arrose bien le bon pays et non pas celui d’à côté...
Les pièces de vol, l’autre activité majeure
Si dans le domaine spatial Avantis a commencé par concevoir et fabriquer des équipements de soutien au sol, elle s’est aussi orientée par la suite vers les pièces de vol. Un marché très concurrentiel mais sur lequel une PME comme Avantis a la capacité de proposer à des clients comme Thales Alenia Space, des solutions low cost pour des plateformes de petites et moyennes dimensions ou des microsatellites. Plus flexible et agile qu’un grand groupe, la société est en mesure d'apporter des solutions moins onéreuses et produites plus rapidement.
Aujourd’hui, le produit le plus emblématique qu’elle a livré dans ce domaine concerne le projet SWOT, une mission d’hydrologie et océanographie, fruit d’une coopération entre le CNES et la NASA. Lancé en décembre 2022, le satellite SWOT est destiné à l’étude de la topographie des océans et des eaux de surface continentales. Pour ce projet, Avantis a réalisé une plateforme complète de satellite, un cube de 2 mètres sur 2 mètres pesant 800 kilos, qui renferme tous les équipements électroniques du satellite. Une plateforme qu’elle a livrée à Cannes où elle a été assemblée pour que, derrière, Thales Alenia Space finalise la fabrication de ce satellite. À noter que sur ce projet, Avantis a constitué un groupement d’entreprises avec d’autres PME locales et en particulier la société Soditech. Avec elle, elle a ainsi pu proposer et livrer un produit complet à Thales Alenia Space.
Toujours sur les pièces de vol, Avantis travaille également sur les articulations de générateurs solaires qui permettent de capter l’énergie quand le satellite est dans l’espace. Ceci de manière à faire fonctionner tous les équipements électriques. Ces articulations servent à orienter ces panneaux solaires par rapport au soleil. Avantis fabrique également des antennes de télécommunication qui sont positionnées sur le satellite afin que ce dernier puisse communiquer avec la Terre.
Vers une diversification des orientations...
Dans les années à venir, la conception et la fabrication de pièces de vol devraient prendre de plus en plus d’importance dans les activités. Pour Alexandre Alati : « Si aujourd’hui nous sommes très implantés sur les MGSE, le cœur de notre développement ne passe plus par là. Nous essayons de passer le step d’après avec les pièces de vol car nous sentons que c’est là qu’il y a une opportunité et une plus-value. »
Par ailleurs, Avantis souhaite aussi se développer fortement dans la recherche et développement, une activité qui commence à porter ses fruits. Ainsi, son laboratoire de R&D de Toulouse lui a permis de développer de nouvelles technologies comme le Stir Welding, un mode de soudure par friction qui commence à se propager dans le monde spatial. Avantis a déjà un gros projet dans ce domaine avec Airbus et essaie aujourd’hui de convertir Thales Alenia Space à cette technologie.
L’entreprise compte aussi se développer sur la partie lanceurs et NewSpace. Elle a déjà réalisé un grand nombre d’équipements pour Ariane Group, notamment pour la nouvelle fusée Ariane 6. Elle entend aussi exploiter un nouveau filon, celui des lanceurs low cost que l’Europe essaye de mettre en place pour concurrencer Elon Musk et sa société SpaceX. Avantis a déjà commencé à travailler avec des startups comme MaiaSpace pour développer des solutions de lanceurs agiles et surtout moins onéreuses...
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