Le Ginestium
nouveau nanomatériau du spatial

Par Cédric Stanghellini, Il y a quelques secondes

De Tech à tech

Dans un contexte où la recherche de matériaux innovants et durables devient une priorité, la société EffiBLUE a mis au point le Ginestium, un nanomatériau aux propriétés exceptionnelles, qui ouvre des perspectives stratégiques dans plusieurs filières dont le spatial. Rencontre avec Virginie Godin et Jean-Philippe Ginestet, couple et associés, et à l'origine de cette incroyable aventure.

EffiBLUE a été labellisée par plusieurs pôles de compétitivité et son approche est soutenue par la région et le programme France 2030. Pouvez-vous nous expliquer comment est née l’idée de développer ce nouveau matériau ?


Tout est parti d’une problématique bien précise : trouver une alternative au palladium, un métal rare et coûteux, qui est notamment utilisé dans les électrodes. Nos recherches nous ont conduits à concevoir un nanomatériau inédit, dont les analyses menées par le CNRS ont confirmé la nature originale. Il s'agit d'un carbone pur nano-structuré doté de propriétés intéressantes : une conductivité électrique élevée, une forte adhérence, une résistance accrue aux températures extrêmes et à la corrosion, ainsi qu’une surface capable d’offrir un effet de ˮmiroir parfaitˮ.


Ces caractéristiques en font un candidat idéal pour contribuer à la décarbonation de l’industrie, notamment dans la production d’hydrogène et le développement des énergies propres. Cette avancée nous a valu une double labellisation par deux pôles de compétitivité majeurs : le pôle de compétitivité Aktantis dédié aux technologies deeptech, qui reconnaît notre contribution dans la microélectronique et les télécommunications, et le pôle de compétitivité Capenergies, dédié aux énergies non génératrices de gaz à effet de serre, implanté à Aix-en-Provence. Ce dernier met en avant notre potentiel de contribution à la transition énergétique vers une industrialisation décarbonée.


Du laboratoire à l’innovation industrielle...


Comment avez-vous procédé pour concevoir ce matériau et en faire une réalité industrielle ?


Notre démarche s’appuie sur des années de recherche et une collaboration étroite entre le monde académique et industriel. Nous avons lancé le consortium M.A.G.I.C, pour « Matériaux avancés pour l’Innovation en Graphène et Cristallographie ». Il s'agit pour nous d'un projet qui nous tient à cœur et réunit plusieurs acteurs majeurs : notre entreprise EffiBLUE en tant que leader, avec les entreprises SYMES du Groupe SYNOV (concepteur et fabricant lyonnais d'équipement électronique et électrique sur mesure) et Avantis Concept du Groupe Avantis (compagnie grassoise qui propose une technique dans le domaine de l'ingénierie mécanique), ainsi que les laboratoires PIIM-Aix-Marseille Université (Physique des Interactions ioniques et moléculaires) et le CNRS.


L’objectif principal est de caractériser précisément notre matériau, le Ginestium, et de développer une machine dédiée à la R&D pour optimiser sa production. Nos travaux portent notamment sur l’amélioration des procédés de croissance du matériau, la gestion des environnements de fabrication et la mise en place de méthodes de caractérisation adaptées à ses propriétés anisotropes.


En remplaçant les métaux rares, EffiBLUE réduit considérablement l'impact de l'exploitation minière sur notre écosystème, contribuant ainsi à la protection de la biodiversité. L'utilisation du Ginestium permet d'économiser de l'énergie, de la transformation au transport. Par conséquent, le potentiel est d'améliorer considérablement l'empreinte carbone de plusieurs secteurs industriels.


Une application clé concerne le développement d’antennes radio de nouvelle génération, qui exploitent les propriétés uniques du Ginestium. Ce projet ambitieux bénéficie d’un financement total de 2,89 millions d’euros. L’État et la Région Sud y contribuent à hauteur de 1,76 million d’euros via le programme France 2030, opéré par Bpifrance. Pour EffiBLUE, cet appui permet d’avancer concrètement sur la mise au point industrielle du Ginestium, en adaptant les méthodes de production et en validant ses performances sur des applications stratégiques.


Quelles applications envisagez-vous dans le secteur spatial et en quoi votre matériau se distingue-t-il ?


Le Ginestium ouvre des perspectives prometteuses pour l’industrie spatiale. Il pourrait être utilisé dans la fabrication de structures de satellites, d’éléments de protection thermique, d’antennes radio et de blindages électromagnétiques. Son atout majeur réside dans sa stabilité exceptionnelle en conditions extrêmes, sa légèreté et sa résistance mécanique, des caractéristiques qui sont particulièrement recherchées dans l’aérospatiale.


Avec ces propriétés, nous espérons faire du Ginestium une référence pour les futures missions spatiales et infrastructures orbitales. Notre approche repose sur une synergie entre la recherche académique et l’expertise industrielle, avec des validations en conditions réelles. À terme, nous ambitionnons de devenir un fournisseur clé de matériaux stratégiques pour l’exploration spatiale et l’aéronautique, répondant ainsi aux défis technologiques et environnementaux contemporains.

Parution magazine N°48 (mars, avril, mai)

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