Pollustock,
des filets pour lutter contre la pollution des eaux

Par Emmanuel Maumon, 15 mai 2023 à 08:17

Planète bleue

Pollustock propose des solutions innovantes pour lutter contre la pollution des milieux aquatiques. Une pollution à laquelle elle s’attaque principalement sur terre, en amont du processus polluant. Elle a notamment mis au point un filet nasse capable de retenir les déchets sur n’importe quel type d’ouvrage. Une solution qui, après avoir soulevé beaucoup de doutes, a aujourd’hui séduit une centaine de collectivités, dont la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis. Du coup, la société mandolocienne affiche des taux de croissance impressionnants qui lui ont valu plusieurs récompenses. Pollustock, qui hisse haut ses valeurs écologiques, compte bien poursuivre son développement en étendant son action à d’autres polluants des milieux aquatiques.  

L’aventure Pollustock a débuté en 2009 lorsque trois autodidactes ont créé l’entreprise avec la volonté de proposer des solutions pour lutter contre les déchets qui viennent polluer les mers et les océans. Des déchets provenant non des bateaux, mais pour 80 % de terre. Avec pragmatisme et beaucoup de détermination, ils sont parvenus à mettre au point des solutions efficaces pour agir en amont du processus polluant et couper ainsi le robinet des déchets. Des solutions véritablement en mesure de remédier à la situation actuelle des milieux aquatiques. Une situation d’urgence inquiétante comme l’attestent les rapports du GIEC, mais qui n’est pas une fatalité pour le président fondateur de Pollustock Stéphane Asikian, qui se refuse à se laisser écraser par les messages anxiogènes. Pour lui, le fait que l’on récompense aujourd’hui ses solutions, dont on se demandait encore il y a cinq ou six ans si elles servaient vraiment à quelque chose, constitue un message d’espoir.  


Hydro-Rescue, un filet anti déchets révolutionnaire  


Parmi les solutions déployées par Pollustock, la plus innovante est celle du filet anti déchets Hydro-Rescue. Un filet que Stéphane Asikian qualifie de révolutionnaire, déjà parce qu’il s’agit d’une prouesse technique ayant nécessité plusieurs années de R&D pour qu’il remplisse pleinement ses fonctions en toute sécurité. Il l’est aussi et surtout parce qu’il a permis de changer les mentalités et de convaincre d’adopter une autre approche pour traiter les déchets. Par ailleurs, avec ce filet, Pollustock est parvenu à reconnecter l’écologie et l’économie. Ceci avec une solution qui limite l’impact des activités humaines sur les milieux aquatiques, tout en contribuant à créer des services et des emplois au sein d’une société en plein développement.


L’Hydro-Rescue est un filet nasse capable de retenir des déchets sur n’importe quel type d’ouvrage, quelles que soient les dimensions. Il supporte toutes les pressions hydrodynamiques en répondant à des enjeux qui évoluent en permanence et en respectant la continuité écologique. Aujourd’hui, à partir de ce filet, il est possible de construire une stratégie nationale qui permettrait d’éliminer la pollution aquatique. Selon Stéphane Asikian : « Dans dix ans, si l’on déploie des filets Hydro-Rescue à l’échelle de la France, il n’y a plus de pollution dans les mers et les océans. » Concrètement, ce filet constitue un énorme piège mis à la sortie d’un réseau hydraulique. Dans un premier temps, le flux passe au travers du filet qui intercepte les déchets. Lorsque le filet est saturé, un système de sécurité permet l’évacuation du flux du réseau sans perdre les déchets. Un système complété par des zones d’ouvertures latérales qui vont permettre à la faune aquatique de pouvoir continuer à vivre dans le réseau, en montant et redescendant à sa guise. 


Les autres solutions innovantes de Pollustock 


Outre ces filets nasses, Pollustock a également développé d’autres solutions innovantes, notamment un panier anti déchets pour avaloirs. Un filet répondant à une autre problématique liée au comportement des gens qui pensent que tout ce qu’ils vont jeter dans une grille d’avaloir va aller dans un centre de récupération tel qu’une station d’épuration. Ils pensent bien faire, mais ces déchets vont en réalité aller directement dans le milieu naturel. Pollustock a donc inventé un panier que l’on positionne sous la grille d’avaloir et qui est capable de récupérer jusqu’à la bille de polystyrène, tout en garantissant la continuité de l’évacuation du flux par l’avaloir.


Pollustock a également mis au point des barrages flottants, l’un des métiers historiques de la société. Outre les barrages flottants utilisés pour que les baigneurs évitent de se confronter aux méduses, Pollustock accompagne les groupes de travaux publics qui effectuent des chantiers en milieu maritime, comme la rénovation ou l’extension en mer d’un port. Ces barrages anti matières en suspension permettent de délimiter une zone de sécurité complète d’où ne peut sortir aucun polluant. L’entreprise intervient aussi avec des barrages anti-pollution lors d’un accident pour, par exemple, encercler un bateau qui brûle dans un port. 


Pollustock, un champion de l’hypercroissance


S’il y a quelques années, l’activité barrages flottants représentait près de 80 % du chiffre d’affaires de Pollustock, aujourd’hui la tendance s’est inversée. L’activité filets domine désormais et en représente 60 %, avec une centaine de collectivités territoriales comme clients. Dans la région, la société basée à Mandelieu travaille bien sûr avec la communauté d’agglomération Cannes Pays de Lérins, mais aussi avec la CASA pour laquelle elle vient de poser des filets. Elle entretient également quelques relations avec des entreprises de la technopole de Sophia Antipolis chez qui elle va chercher des compétences dont elle ne dispose pas en interne.


En 2022, Pollustock a réalisé un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euro, mais celui-ci ne cesse de progresser, avec une croissance de 35 à 40 % ces dernières années. Cela a valu à Pollustock de recevoir plusieurs récompenses dont récemment le trophée de l’Hypercroissance dans la catégorie « Change the world ». Une dimension qui a particulièrement touché Stéphane Asikian. En effet, outre le fait que cette distinction symbolique récompense tout le travail effectué par son équipe depuis dix ans, ce trophée de l’Hypercroissance met en lumière le caractère particulier de Pollustock. Une entreprise à mission qui a réussi à reconnecter l’économie et l’écologie, mais qui au départ n’avait que des valeurs écologiques. Aujourd’hui, Pollustock compte bien poursuivre son développement en se fixant pour objectif, d’ici dix ans, de contrôler totalement le transfert des déchets solides de la terre à la mer. À plus brève échéance, sur les réseaux hydrauliques, elle entend aussi être capable de retenir une partie des polluants invisibles tels que les résidus de pesticides ou de pneumatiques. Des sujets aujourd’hui très graves pour le milieu naturel et sur lesquels son équipe de R&D travaille déjà.

Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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