COP 28, le plaidoyer de la Fondation Albert II
Le Monde vu de Sophia
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La 28e Conférence des Parties sur le Climat de l'ONU (COP 28) s'est déroulée du 30 novembre au 12 décembre aux Émirats arabes unis, à Dubaï. Nous avons rencontré Olivier Wenden, vice-président de la Fondation Prince Albert II de Monaco, quelques jours avant son départ la COP, avec en tête de la délégation monégasque, le président-fondateur de la Fondation, le souverain monégasque. Rappelons que depuis sa création en 2006, la Fondation Albert II est la seule association internationale pour la protection de l’environnement présidée par un chef d’État en exercice.
Olivier Wenden, quel est votre état d’esprit, quelles sont vos attentes autour de cette COP ?
La Fondation Albert II était très largement représentée, au côté du Gouvernement princier et du Centre scientifique de Monaco (CSM), une délégation forte avec son propre agenda selon notre conception. Nous avons proposé des événements en marge de la COP dans le but d’apporter un éclairage particulier sur des sujets qui nous semblent moins portés par la communauté internationale.
Avant la COP, la déception a été importante au niveau de la place accordée à l’océan dans cette Conférence. Nous avions eu beaucoup d’espoir que la thématique soit abordée pendant la Journée de l’Océan, le 4 décembre, malheureusement le sujet a été reporté au 8 et 9, dans la deuxième semaine, quand il y a moins de monde. Notre programme a pour autant eu son importance car la Principauté de Monaco porte les sujets liés à l’océan, notamment dans le domaine scientifique avec le Centre scientifique de Monaco.
Prenons le débat sur l’alcalinisation « possible » de l’océan. Je prends toutes les précautions, car il est nécessaire de faire un point précis et fiable sur l’état d’acidification des océans et sur le potentiel impact des solutions d’alcalinisation qui sont de plus en plus mises en avant comme « solutions miracles ». Or en réalité on craint que la mise en œuvre de ce procédé ait un effet négatif. De manière pragmatique, la Fondation a décidé de financer des études scientifiques pour documenter in situ l’impact réel de ces solutions.
Tout l’intérêt est d’apporter ces données au niveau des politiques et des chefs d’entreprise. Ce sujet que l’on porte depuis des années, au niveau de la COP, mais aussi à Davos et à New York, c’est « l’innovation pour l’océan », la suite de notre Ocean Week qui se déroule à Monaco. Cette plateforme a eu un succès immédiat parce qu’elle rassemble une petite communauté de 200 personnes venues du monde entier : fondateurs d’entreprises, dirigeants, banquiers, philanthropes, fonds de pension, fonds d’investissement.
Aujourd’hui, il faut des solutions qui génèrent de l’emploi mais aussi une croissance soutenue. La Fondation n’est pas une startup. Nous croyons à des solutions concrètes qui conduisent à quelque chose de décent dans le contexte actuel d’augmentation des températures. Cette année nous sommes déjà à + 1,5° ! Le temps politique n’est pas celui du climat, les choses avancent mais trop lentement. Il faut une vraie transition énergétique : accélérer l’élimination des combustibles fossiles, tripler les énergies renouvelables, doubler l’efficacité énergétique, il faut un dialogue avec le secteur privé, lui faire comprendre que le temps est venu de renverser les choses, que la peur ça ne marche plus, la moralisation non plus, et qu’il existe des solutions rentables… Le temps presse et il en reste peu pour agir. 2030, c’est demain.
Le 21 novembre, dans le cadre de la première Conférence internationale de l’initiative « Forests and Communities » de la Fondation, a été projeté en avant-première au Grimaldi Forum un épisode de la série documentaire Les Gardiens de la Forêt co-produite par ARTE France et Lato Sensu*, en présence de communautés autochtones du Brésil et d’Amazonie. La préservation des forêts, le prochain combat majeur de la Fondation ?
Aider les communautés autochtones à accéder à l’eau en préservant la ressource naturelle, c’est ce que la Fondation fait depuis dix ans en Amérique latine où l’artiste brésilien Sebastião Salgado et son épouse ont acquis en 2009 au cœur de l’Amazonie une immense propriété à une époque où il n’y avait déjà plus rien. En dix ans ils ont tout replanté et la biodiversité s’épanouit de nouveau, preuve vivante qu’on peut préserver la forêt, les zones humides existantes en travaillant avec les communautés autochtones. C’est un vrai sujet. Là aussi des solutions fonctionnent mais elles ne parviennent pas à être développées dans la continuité, c’est le volet financier qui bloque. Si par exemple, des fours solaires ne sont pas donnés, entretenus, les communautés ne peuvent pas les acquérir alors qu’il y a là un effet concret sur le climat. Ça fonctionne mais il n’y a pas de développement industriel.
Quelles sont aujourd’hui vos priorités pour demain ?
Je dirais : « Sauvons ce qui peut encore l’être ». C’est désormais l’urgence absolue. Sur terre et en mer c’est se projeter et reconstruire avec les leaders les écosystèmes, préserver les forêts, les coraux, en espérant les redéployer là où ils ont disparu. En 2016 le souverain nous a autorisés à développer nos propres projets que nous avons nommés « initiatives ». Nous avons cherché des bailleurs, des mécènes, des opérateurs de terrain, en 2023 nous en sommes à 13 « initiatives » dans le monde, essentiellement en Méditerranée. Nous voulons réfléchir à la proximité mais aussi au niveau global, quatre de ces initiatives sont nées ces derniers mois dans ce bureau. La dernière : « Forêts et Communautés ».
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