Où en est-on
de l'initiative EFELIA Côte d'Azur ?

Par La rédaction, 25 juin 2025 à 18:35

Quoi d'9 ?

3 ans après le début du projet EFELIA Côte d'Azur, c’est l’heure de prendre le pouls de ce projet particulier qui a mis l’IA au centre de son offre de formation.

Quel est le bilan à date et quels types de public se forment aujourd'hui ?


Le projet EFELIA Côte d'Azur (École Française de l'Intelligence Artificielle) est un projet lauréat de l'appel à manifestation d’intérêt Compétences et Métiers d'Avenir, financé par l'État dans le cadre du Programme d'Investissements d'Avenir France 2030. Lancé en septembre 2022, c'est un consortium porté par Université Côte d'Azur et constitué du Centre Inria d'Université Côte d'Azur, du CNRS, d'EURECOM, de l'INSERM et de Skema Business School. Il a un périmètre d'action de bac-3 à bac+8 et de formation continue des personnels d'organismes publics et privés. Nous développons des formations en IA pour tous les publics, pour leur permettre de s'emparer des avancées de l'IA dans leurs domaines respectifs, tout en leur permettant d'appréhender les limites et enjeux actuels de ces méthodes.


Depuis 2 ans, ce sont déjà plus de 8500 personnes de plus qui ont été formées à l'IA grâce au projet, et 9 000 autres de plus sensibilisées. 25 nouvelles mineures de master et des modules d'IUT pour les 6 départements tertiaires et secondaires ont été créés et suivis par plus de 700 étudiant·es (volumes entre 15h et 32h éq. TD). En 2024, nous avons introduit la nouvelle Compétence Transversale Grands défis sociétaux IA pour les 5800 personnes inscrites en L1 à Université Côte d’Azur. EURECOM a mis en place un LLM pour l'enseignement.


Nous avons accompagné la création de ces nouveaux enseignements à Université Côte d’Azur par des formations continues, notamment pour permettre aux collègues de capitaliser leur investissement pédagogique. Plus de 560 personnes ont bénéficié de formation continue à l'IA grâce au projet.


Pour accompagner la mise en place des nouveaux enseignements en IA et atteindre tous les publics de notre écosystème (public étudiant, de recherche, grand public, entreprises), nous avons créé avec la Chaire en économie de l'IA et de l'innovation les séminaires VOILA! (Visions Of InteLligence Artificielle) traitant de grandes questions (IA & Environnement, IA & Travail, IA & Création, etc.). Ces séminaires sont à présent un évènement phare de notre écosystème, avec une centaine d'inscriptions à chaque session mensuelle de 1h30.


Nous articulons nos travaux au niveau national, avec les trois autres projets EFELIA situés à Grenoble, Paris et Toulouse.


Comment former aujourd'hui aux approches écologiquement responsables de l'IA ?


Les problématiques environnementales sont incluses dans tous les enseignements créés par le projet, qu'ils soient en formation initiale ou en formation continue : sensibilisation aux coûts environnementaux et sociaux, sensibilisation au recul critique nécessaire sur le mode actuel de production des technologies d'IA, pour comprendre quelle sobriété chacune et chacun peut envisager dans son usage de ces technologies. En formation initiale, Université Côte d'Azur a introduit de façon articulée des enseignements transversaux en transition écologique et développement soutenable et en IA, pour l'intégralité du public de licence.


En formation continue à destination des publics du secteur privé comme public, nous dispensons des connaissances pour permettre à l'écosystème de développer sa propre vision critique pour ses prises de décisions relatives à l'intégration de technologies basées IA dans ses processus, en intégrant les questions éthiques incluant les coûts environnementaux, sociaux et de qualité de vie au travail (usages discriminants, modifications subies des pratiques de travail des agents).


L'objectif est de permettre aux différents publics d'envisager leur rapport gain-coût : comment évaluer au mieux le gain effectif de l'usage d'outils basés IA, pour que chacun·e puisse décider de façon éclairée si iel considère que le bénéfice dépasse le coût, notamment énergétique, induit.


Par exemple, nous développons en 2025 avec le pôle d'innovation pédagogique d’Université Côte d’Azur un lieu numérique de référence rassemblant des ressources développant une perspective critique de l'usage des outils d'IA dans l'enseignement, intégrant les coûts environnementaux et sociaux dans l'évaluation du bénéfice net de ces outils.


Pour notre écosystème élargi et tous les publics, nous avons par ailleurs organisé un séminaire VOILA! centré sur les impacts environnementaux de l’IA en décembre 2024. Ce séminaire est disponible en replay sur le site d'EFELIA Côte d'Azur.


EFELIA Côte d'Azur est très attachée à développer la réflexivité des publics formés et sensibilisés, notamment des professionnel·les dans leurs pratiques. De la même façon, de nombreux métiers sont en voie de transformation partielle (comptabilité, RH, etc.) avec l'IA générative, et notre approche en formation continue pour ces publics aux besoins a priori très instrumentaux (prompting), est de mettre en évidence les risques et les implications des usages de ces outils, en terme environnemental mais aussi en terme du sens du travail notamment.


Quels enjeux de formation anticipez-vous à 5 ans et est-on dans les temps et dans les bons volumes pour accompagner la transition rapide en cours ?


L'enjeu actuel majeur est l'incertitude sur les formes et la durabilité des changements apportés par l'introduction des outils basés IA dans les processus métiers et l'impact sur les compétences. Le domaine est modelé par de puissants intérêts, notamment commerciaux, dont l'alignement avec les réalités scientifiques comme avec les gains économiques effectifs est pour le moins sujet à caution dans les différentes communautés scientifiques.


Ainsi, un défi est l'enseignement pour les disciplines envisageant l'IA comme un outil et où il y a peu de travaux scientifiques montrant 1/ l'utilité effective, voire l’innocuité, des outils d'IA pour chaque domaine, 2/ comment les utiliser au mieux, au-delà des recettes de prompt engineering. C'est particulièrement le cas en IA et enseignement, où la communauté académique en IA est divisée sur la pertinence d'introduire des outils d'IA générative pour les élèves (avec des travaux récents montrant leur possible effet néfaste pour l'apprentissage). Le contexte actuel de pression accrue pour le déploiement d'outils d'IA avec un manque de recul scientifique sur leur impact pour chaque domaine et type de public, intensifie cette difficulté. Nous l'attaquons en exposant dans chaque formation les travaux scientifiques les plus récents éclairant sur l'efficacité de l'inclusion d'outils d'IA dans chaque contexte, et allions cela avec la pratique des outils, dans le but que les personnes apprenantes développent leur propre vision et décident de leurs usages à la lumière des éléments disponibles.


Dans ce cadre d'intenses enjeux sociaux et de dynamiques économiques et politiques complexes, notre réponse est d'assurer la qualité de nos formations en Intelligence Artificielle en les adossant aux résultats de la recherche scientifique dans les différentes disciplines clé (informatique, économie, droit, sciences de l'éducation, sociologie notamment).


C'est ainsi que l'intensité des actions du projet EFELIA Côte d'Azur permet d'irriguer les publics étudiants, enseignants et les acteurs économiques, des connaissances et compétences en IA les plus pertinentes pour des progrès les plus durables.

Parution magazine N°49 (juin, juillet, août)

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