Arnault Tzanck Mougins
Entretien avec son directeur, Eric Leroy
Polis
Eric Leroy, directeur de l'Institut Arnault Tzanck Mougins © E. Maumon
Créé en 1982, 10 ans après la création de l’Institut Arnault Tzanck de Saint-Laurent-du-Var, pôle d’excellence en chirurgie cardiaque, l’Hôpital Privé Arnault Tzanck Mougins est né d'un besoin de complémentarité et les premiers lits d'hospitalisation du site sont consacrés à la réadaptation cardiaque. Au fil du temps, l'établissement s'est diversifié et est devenu un acteur incontournable de la cancérologie azuréenne. Sur un site de 4 hectares, il rassemble le Pôle de chirurgie pluridisciplinaire L’Espérance, l’offre de soins de médecine Plein Ciel et le Pôle de réadaptation Saint Basile. Au prix d'investissements importants, il est aujourd’hui à la pointe du progrès technologique. Eric Leroy, le directeur de l'établissement, a ouvert ses portes à la rédaction.
L’histoire de l’Hôpital privé Arnault Tzanck débute en 1972. C’est à cette date que le docteur Maurice Donat créa à Saint-Laurent-du-Var l’Institut Arnault Tzanck dédié à la chirurgie cardiaque. Dix ans plus tard, dans la continuité de la prise en charge des patients, il a souhaité ouvrir à Mougins un établissement spécialisé dans la réadaptation cardio-vasculaire, qui avait déjà 200 lits d’hospitalisation. Au début des années 1990, il y a eu une restructuration très importante des établissements de santé privés dont beaucoup de petites cliniques détenues par des chirurgiens n’avaient pas la capacité de se moderniser. L’Hôpital Privé Arnault Tzanck Mougins a alors eu en 1991 l’opportunité de récupérer des capacités d’hospitalisation sur le site, pour passer de 200 à 395 lits et places.
Une complémentarité avec la maison-mère de Saint-Laurent-du-Var
Aujourd’hui, dirigé par Eric Leroy, Arnault Tzanck Mougins emploie à peu près 450 salariés auxquels il faut ajouter 150 médecins libéraux qui travaillent également sur le site. Il accueille chaque année près de 20 000 patients, réalise 15 000 interventions chirurgicales et 10 000 explorations endoscopiques. Son développement s’effectue en complémentarité de celui de sa maison-mère. Ainsi, la cardiologie structurelle (angioplastie, coronaire, dilatation, rythmologie interventionnelle) s’effectue sur le site Saint-Laurent-du-Var qui dispose des autorisations nécessaires. De son côté, l’Hôpital Privé Arnault Tzanck Mougins a consolidé l’activité de médecine spécialisée, que ce soit en pneumologie, cardiologie, gastroentérologie ou endocrinologie. Depuis les années 2000, il s’est également fortement orienté vers la cancérologie.
La chirurgie cardiaque s’effectue uniquement au sein de l’établissement de Saint-Laurent-du-Var à qui l’on a donné l’autorisation pour toute la Région PACA-Est. Même le CHU de Nice ne dispose pas de service de chirurgie cardiaque et c’est donc l’Institut Arnault Tzanck qui assure la mission hospitalo-universitaire sur Saint-Laurent-du-Var. Pour la parfaire et améliorer les prises en charge diagnostique et thérapeutique des affections du cœur, Arnault Tzanck a lancé la construction de l’Institut du cœur Jean-Louis Noisiez, du nom du créateur philanthrope de GSF. À proximité immédiate du site de Saint-Laurent-du-Var, ce bâtiment remarquable de 22 000 m² dont 5 000 m² de plateaux techniques devrait être opérationnel en 2026. Il sera dédié exclusivement à la chirurgie cardiaque et à la cardiologie interventionnelle, avec le développement de techniques d’excellence.
Un acteur incontournable de la cancérologie
Assez rapidement, l’établissement de Mougins est devenu un acteur incontournable de la cancérologie en accueillant notamment un centre de radiothérapie privé qui n’a cessé de se développer. Ainsi, de deux accélérateurs de particules en 2004, il en possède cinq aujourd’hui et réalise chaque année 65 000 séances de radiothérapie auprès de 3 500 patients. Le centre intègre également un plateau de médecine nucléaire pour les diagnostics et le suivi des cancers. C’est notamment le seul établissement privé en France à posséder deux PET-scans sur le même site.
L’Hôpital Privé Arnault Tzanck a aussi développé l’imagerie en coupe avec scanners et IRM. Des appareils très performants puisque l’hôpital est centre de référence pour Siemens sur l’imagerie par résonnance magnétique. Par ailleurs, l’équipe chirurgicale d’Arnault Tzanck Mougins dispose des autorisations pour traiter toutes les pathologies du cancer, que ce soit le sein, la gynéco, l’urologie, le thoracique, le digestif ou l’ORL. Il a donc un panel très large de prise en charge. À cela s’ajoute un service de jour de chimiothérapie qui accueille un peu plus d’un millier de patients et réalise environ 11 000 séances de chimiothérapie par an.
Un précurseur de la chirurgie ambulatoire
Avant même les sollicitations du ministère de la Santé, Arnault Tzanck a pris très tôt le virage de la chirurgie ambulatoire. Sur Saint-Laurent-du-Var, l’Institut a d’ailleurs été la première structure de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur à ouvrir une structure de chirurgie ambulatoire. De la même manière, cette activité existe depuis longtemps sur le site de Mougins, avec des seuils d’activité qui vont au-delà des préconisations du ministère. Aujourd’hui, les taux de chirurgie ambulatoire atteignent les 95 % sur certaines activités. Globalement sur la chirurgie le taux frôle les 70 %, sachant que le site fait beaucoup de chirurgies très lourdes sur le cancer. Des interventions qui ne peuvent pas toujours être réalisées en ambulatoire.
Un plateau technique de premier plan
Pour avoir des infrastructures à la pointe du progrès technologique, l’établissement a toujours réalisé des investissements considérables. Eric Leroy souligne que s’il n’y a plus de grues sur le site depuis deux ans, il y en a eu pendant 25 ans. Aujourd’hui, les infrastructures permettent de réaliser une activité conséquente et de continuer à la développer. Pour autant, Arnault Tzanck Mougins a en projet la création de deux blocs opératoires supplémentaires pour éviter la saturation. De quoi porter à 18 le total des salles d’opération.
Pour maintenir son niveau d’excellence, l’Hôpital Privé continue aussi d’investir de manière conséquente dans ses équipements. Il dispose ainsi d’un plateau technique ultra-moderne avec des équipements lourds (IRM, scanner, scintigraphie, PETscan). De quoi répondre à tous les besoins en exploration d’imagerie ou de biologie médicale et d’effectuer les diagnostics avec la plus grande précision. Sur le plan thérapeutique avec les accélérateurs de particules, il propose des techniques avancées de radiothérapie. Un laboratoire d’anatomocytopathologie, une balnéothérapie et une unité centralisée des cytotoxiques complètent cet équipement de premier plan.
Des missions de service public en matière de recherche clinique
L’Hôpital Privé Arnault Tzanck développe aussi des missions de service public en matière de recherche clinique, principalement sur la cancérologie, en particulier sur les traitements médicamenteux. Comme tous les établissements ayant une certaine activité de cancérologie en termes de volume, il préconise l’inclusion des patients dans des essais de recherche clinique. Aujourd’hui à Mougins, 6 % des patients sont inclus dans de tels essais. La volonté de l’établissement est d’augmenter ce nombre pour se rapprocher des 10 % comme dans les gros centres. Néanmoins, la difficulté réside toujours dans le financement. Pour la contourner, il essaye de s’inclure dans des essais industriels menés par des laboratoires qui ont la capacité de rémunérer les établissements pour qu’ils puissent assumer les frais de structure des recherches cliniques. Des recherches qui nécessitent en effet des médecins spécialisés, des attachés de recherche clinique et tout un accompagnement administratif assez important.
Bien que situé à Sophia Antipolis, l’Hôpital Privé Arnault Tzanck Mougins n’a curieusement, selon Eric Leroy, que peu de liens avec les entreprises de la technopole qui travaillent dans le domaine de la biotech. L’établissement contribue pourtant avec les anatomopathologistes au développement de solutions ayant recours à l’intelligence artificielle pour améliorer le diagnostic. Mais il le fait avec des sociétés américaines qui ne sont pas présentes sur Sophia Antipolis. Il en va de même pour les équipements de haute technologie comme la dernière version du robot chirurgical d’Intuitive Surgical, qui comporte un module d’intelligence artificielle et guide le praticien dans sa pratique chirurgicale.
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