Sauvetage en mer,
des bénévoles engagés
et un modèle économique

Par Marina Carvalho, 7 septembre 2024 à 13:00

Polis

Hiver comme été, sur la plage ou en haute mer, ils veillent sur nous et sont capables de braver les éléments pour sauver des vies. Leur sigle, SNSM, est connu de tous les plaisanciers mais peu connaissent finalement le fonctionnement de cette structure de secours unique en son genre. Rencontre avec Marc Angeli, président de la station d’Antibes depuis 2014, après plus de 15 ans comme sauveteur embarqué.

La station d’Antibes a été créée en 1959 avec pour première vedette, le canot Amiral de Grasse, suivi en 1973 par le canot Vice-Amiral Barnaud SNS 102, qui laissa la place au canot Notre Dame de la Garoupe SNS 128 en 1993. Depuis 2005, le capacitaire compte la vedette SNS 148 Notre Dame de la Garoupe II, propulsée par deux moteurs de 550 CV, et un semi-rigide de 7,5 mètres, le SNS 703, propulsé par deux moteurs de 115 CV qui est arrivé en juin 2024.


L'antenne compte 40 bénévoles actifs et 25 opérationnels en capacité de participer à des interventions en mer. Les autres sont hors limite d’âge ou occupent des fonctions support de la station comme la communication, l’organisation d’évènements, la tenue de stands de vente ou encore la recherche de fonds...


Quelle est la particularité du territoire sur lequel vous intervenez ?


Notre terrain d’action s’étend entre l’embouchure de la Brague et Juan-les-Pins, couvrant le Cap d’Antibes. Étant dotés des plus gros moyens dans le département, nous pouvons également couvrir au large, jusqu’en Corse. La particularité de ce territoire, c’est la diversité des types d’intervention que nous avons, allant d’une panne de navire à des nageurs en difficultés le long de la côte ou des recherches de personnes. Nous devons faire face à l’utilisation de bateaux de location par des plaisanciers peu informés sur les dangers de la mer.


La première cause des interventions en mer sont les avaries qui représentent 50 % de nos interventions. Cela comprend les avaries moteur, électriques, de barre, d'hélices engagées, de voies d’eau ou encore de rupture de mouillage. Suivent les échouements, souvent liés à une méconnaissance du secteur géographique (12 % des interventions). Si ce sont en premier lieu des dégâts matériels, ces motifs d’intervention peuvent parfois aussi mener à une mise en danger des usagers. Il y a également beaucoup d’interventions en lien avec des sports nautiques. La pratique de la planche à voile, du kayak, du kitesurf, du stand-up paddle, du jet-ski et autres nouveaux engins nautiques se développant de plus en plus, cette situation engendre une mobilisation accrue des sauveteurs, qui ont affaire à des sportifs qui ne sont pas toujours aguerris ou prudents. Sur la plage, les interventions sont variées : malaises, coups de chaud, blessures, piqûres de vives, recherche d’enfants perdus sur la plage...


Pouvez-vous nous rappeler les missions et l’engagement de la SNSM ?


Depuis sa création en 1967, la SNSM a trois missions : sauver des vies, former pour sauver, prévenir les risques et sensibiliser. Cela passe par de nombreuses actions, le sauvetage de la vie humaine, l’assistance aux plaisanciers, la sécurisation d’évènements maritimes ou encore la participation à des évènements à terre pour faire de la prévention auprès du grand public à l’occasion de journées dédiées. Avant de prendre son bateau, il faut vérifier son moteur et la partie électrique et faire entretenir régulièrement cette mécanique. Veiller à bien avoir l’armement de sécurité obligatoire, embarquer à bord une VHF ou un téléphone portable, consulter la météo marine et prévenir des proches ou de la famille de sa sortie, du lieu et l’heure de retour. Et surtout… connaître le numéro du CROSS (Centre régional opérationnel de Surveillance et de Sauvetage), le 196. Nous accompagnons aussi les familles dans la dispersion de cendres en mer.


La Société nationale des Sauvetages en Mer fonctionne sur le principe du bénévolat et se finance via des dons. Le fonctionnement de l’association repose principalement sur la générosité du public et des entreprises mécènes (à 60 %). Elle est co-financée à 26 % par les subventions publiques (État, collectivités territoriales) et le reste provient de missions de prestation de services qui sont tarifées (dispositifs prévisionnels de secours, assistance aux biens…).


Le recrutement, la formation et l’équipement d’un nouveau canotier coûte 5 000 . 50€, c’est ce que coûte une heure de sortie avec le semi-rigide SNS703 uniquement en frais de fonctionnement et de carburant. Avec la vedette SNS148, c'est le double. En 2023, nous avons effectué 25 interventions sur l’année. Nous avons déjà dépassé ce chiffre pour 2024.


L’association est par ailleurs confrontée à des enjeux importants concernant la sécurité des sauveteurs et la pérennité du modèle bénévole : formation des sauveteurs, évolution des équipements de sécurité, renforcement du soutien des structures locales bénévoles, modernisation et renouvellement de la flotte de sauvetage. Il y a une vraie méconnaissance de notre fonctionnement et de notre rôle parfois, mais si la vie humaine n’a pas de prix, le sauvetage a un coût !


Nous effectuons des appels au recrutement une fois par an, afin de garantir une équipe de sauvetage suffisante tout au long de l’année. Historiquement, les Sauveteurs en Mer étaient, pour une grande part, des retraités issus de professions maritimes, portant principalement secours aux pêcheurs en difficulté en mer. Aujourd’hui, la SNSM voit s’engager des bénévoles plus jeunes, majoritairement actifs et provenant de tous les horizons socioprofessionnels. L’esprit de cohésion et de compagnonnage est très fort à la SNSM.


Pour devenir bénévole, il faut être déclaré apte physiquement par une visite médicale, habiter à moins de 15 minutes du port Vauban d’Antibes et avoir des disponibilités pour prendre des astreintes et suivre les formations. Pas besoin d’avoir de connaissances maritimes, nous avons tout type de profil en tant que Canotiers. Au-delà du sauvetage, c’est une magnifique expérience humaine à vivre.




LA SNSM en chiffres


11 000 bénévoles

206 stations de sauvetage

32 centres de formation et d’intervention

229 postes de secours sur les plages lors de la saison estivale

756 embarcations

9 256 interventions

27 411 personnes prises en charge

Parution magazine N°46 (septembre, octobre, novembre)

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