Dans les coulisses des Jeux de Sophia
Un peu d'histoire...
Polis
Les Jeux de Sophia cette année prennent une saveur particulière. 30 ans. Âge résolument de raison. L’occasion de revenir sur ceux et celles qui ont fait les premiers Jeux, sur l’évolution de l’événement en 10 957 jours, et sur la patte 2024, résolument écoresponsable. Happy B.
Du pain et des jeux
Il y a 2000 ans, cette expression de Juvénal a été utilisée pour pointer la décadence du peuple romain qui se préoccupait plus des spectacles du cirque et qui avait arrêté de s’impliquer dans la vie collective de la cité, laissant celle-ci à la merci du bon vouloir de l’empereur. Loin de montrer la décadence des Sophipolitains, les Jeux de Sophia sont un parfait contre-exemple. L’impulsion initiale est en effet venue d’un souhait sincère de capitaliser sur les spécificités territoriales si particulières de la technopole en faisant se croiser une diversité de parcours, de visu et à l’effort, avec comme objectif commun le développement d’un sentiment d’appartenance, la promotion de liens inter-entreprises et plus largement, le rayonnement de Sophia Antipolis.
Gérard Audra a été l’instigateur des Jeux de Sophia. C'est lui, ancien président du Club des dirigeants de la technopole, ancien dirigeant des laboratoires Wellcome1, qui a été le maître d'œuvre de cette manifestation sportive et conviviale dès 1994 avec l’objectif de dynamiser l’image de Sophia Antipolis à travers le sport en créant des synergies et en rendant le Club des dirigeants populaire. Le journaliste Jean-Pierre Largillet, fondateur de Webtime Medias, lui a demandé de raconter la genèse des Jeux en juin 1999. Ses propos sont repris ici.
« En 1994, pour l'anniversaire des 25 ans de la technopole, le Club des dirigeants de Sophia Antipolis, présidé alors par Michel Lafon, avait eu une idée : pourquoi ne pas faire les Jeux de Sophia? Le but était de faire en sorte que les gens qui travaillent sur le parc scientifique puissent se retrouver à l'occasion d'une manifestation à la fois sportive et conviviale. Un objectif qui va tout à fait dans le sens de la ″fertilisation croisée″. C'est à ce moment que le Club m'a demandé de m'occuper de l'organisation des Jeux. C'était un programme lourd. Il nous a fallu du temps pour le monter. Aussi, nous avons pensé au départ de n'organiser les Jeux qu'une fois tous les cinq ans. Ce qui explique qu'en 1995, il n'y ait pas eu de Jeux de Sophia. Tout le monde cependant l'a regretté. Le Club des dirigeants s'est donc décidé à recommencer dès 1996. »2
Jean-Pierre Bastié a rejoint l’équipe d’organisation dès la seconde édition. Il travaillait chez HP à l’époque. Il se rappelle de cette période : « Gérard Audra cherchait des gens pour s’investir sur l’organisation des Jeux. J’ai commencé à aider sur l’épreuve du VTT. J’ai remplacé Michel Chevalier qui travaillait pour France Telecom. A l’époque, les inscriptions se faisaient à la main, on payait par chèque, c’était l’imprimerie Rouland de Sophia qui faisaient les impressions, il n’y avait pas de site internet… On se retrouvait tous chez Wellcome deux semaines avant les Jeux pour envoyer les papiers. On faisait tout à la main, on préparait les enveloppes, on timbrait…3 On était tous bénévoles. En 2000, c’est la dernière année où on a fait les envois papier. Gérard Audra a embauché une ancienne assistante de Wellcome pour aider à préparer les Jeux, Nadia Azouz. C’est devenu ma femme… »
Jamel Elaoudi, de Record France aux Trois Moulins, a aussi fait partie des primo-organisateurs après avoir fait partie des primo-participants dès 1997. En 1999, il fait la connaissance de la Wellcome connection. Jacky Audoin puis Gérard Audra. Il rentrera dans l’organisation des Jeux par la porte du foot. Depuis 5 ans, il a repris l’organisation de la pétanque avec Denis Manassero. 90 équipes… Lui aussi a léché les enveloppes : « On passait notre pause de midi à faire des courriers pour les entreprises. Pour organiser l’épreuve du foot qui comptait 120 équipes, on donnait 30 coups de téléphone par jour… À l’époque il n’y avait pas de portable, tout passait par le standard de ma société… Pendant les Jeux, on était très peu d’organisateurs donc dès qu’il y avait un gros événement, on se donnait un coup de main et à la fin, on terminait tous ensemble dans un grand restaurant. Jean-Pierre Bastié était un grand animateur de soirée, on faisait des parties de pétanque jusqu’à 3 heures du matin... Claudine Santerne était de toutes les réunions. Elle s’occupait du volley. Elle en a collé, des enveloppes… L’atmosphère était très familiale. Après les jeux, on faisait des petits cahiers avec tous les résultats, et des photos des participants et des organisateurs… L’organisation était farfelue ! »
Le premier site internet des Jeux est né en 2001, conçu par Jean-Pierre Bastié et l’un de ses collègues chez HP. Le site était hébergé chez HP par des serveurs mis à disposition gratuitement pour le Club. C’est ce site qui a été repris en gestion en 2016 par DataCorp.
Les épreuves ont évolué dans le temps et en 30 ans, les Jeux sont passés de 14 épreuves en 1994 à 43 en 2024 et de 1 678 participants à 9 615. 94 entreprises ont été les pionnières. L’année dernière, elles étaient 400 à participer aux Jeux, des grands groupes à la SARL unipersonnelle. Jean-Pierre Bastié se rappelle des 24 heures de Sophia Antipolis la toute première année. Les gens couraient autour du stade des Bouillides… Le tir au pistolet a aussi été une épreuve jusqu’au départ en retraite de son organisateur. Sophia a eu ses Jeux d’hiver entre 2002 et 2007… Pour Thierry Tambay qui fait partie des G.O. depuis 2001, d’abord sur l’épreuve du golf, puis en appui à l’organisation générale en trinôme avec Jean-Pierre Bastié et Nadia Azouz : « L’esprit des Jeux dans les années 2000, c’était la convivialité. Peu importait finalement qui était dans l’équipe. Si des gens n’étaient que 5 et avaient besoin de monter une équipe de foot, les Jeux étaient l’occasion de se mélanger et de collaborer dans une même équipe en inter-entreprises… J’ai gardé un excellent souvenir de la cérémonie de clôture des Jeux de 2009 qui a coïncidé avec la cérémonie d'ouverture des Jeux de Special Olympics. Nous étions dans l'amphithéâtre du bassin des Orques de Marineland devant 7 000 spectateurs et j'avais organisé une passation de flambeau entre nos organisateurs et les athlètes de Special Olympics. C’est Stéphane Diagana qui a allumé la flamme des Jeux. Le moment était très fort en émotion ce jour-là. »
Au-delà de l’aspect convivial toutefois, les Jeux ont doté le Club des dirigeants de moyens financiers pour fonctionner. Et c’est là aussi toute la fierté de ces primo-G.O. bénévoles, sans qui les JDS n'auraient pas la même saveur.
1 En 30 ans, les laboratoires Wellcome ont changé plusieurs fois de nom au gré de différentes transactions. GSK, Lundbeck, et depuis … Elaiapharm, avec la particularité de produire pour eux-mêmes et de faire de la sous-traitance.
2 Gérard Audra, l'homme des Jeux de Sophia. Propos recueillis par Jean-Pierre Largillet, Webtime medias, 12 juin 1999. Gérard Audra est décédé le 7 novembre 2011.
3 Ce mode opératoire n’est pas sans rappeler le mode opératoire de l’équipe de SophiaMag en charge des envois postaux qui emploie des enfants pour cette activité.
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