À la pointe de la connectivité NTN
EURECOM
La Relève

Le Bureau des élèves d'EURECOM © Jacem Hagui
EURECOM a le vent en poupe et enchaîne la signature de partenariats stratégiques et de projets structurants. L’école d’ingénieurs a annoncé en fin d’année dernière la création d’un centre de calcul dédié à l’IA, CIRCALIS, en partenariat avec la Région Sud, et Kyndryl, la spinoff d’IBM spécialisée dans les infrastructures managées, est récemment entrée en partenariat avec l’établissement en parrainant la promotion 2027. David Gesbert, directeur d’EURECOM, nous a reçus pour évoquer l’actualité de l’école, où les partenaires industriels sont au coeur de la pédagogie.
Pourquoi avoir impulsé ce centre de calcul ?
L’IA est au cœur des enseignements d’EURECOM, de l’école d’ingénieurs jusqu’au doctorat. Près de 70 personnes travaillent sur l'IA tous les jours. Dans nos cours, dans nos projets, nous avons besoin d'avoir une infrastructure adaptée. La France - l'Europe en général - est assez en retard sur cet aspect en comparaison avec d’autres pays. On commence à s’en rendre compte et des annonces gouvernementales sont faites pour se renforcer sur cet aspect ; en attendant, au niveau de l’école, nos besoins sont pressants dans nos enseignements et dans nos TP. La pédagogie de l’apprentissage par projet fait partie de l'ADN d’EURECOM. Nous voulons que nos étudiants aient un apprentissage très pratique de l'IA, qu'ils puissent tester et expérimenter. Cela ne peut se faire qu’avec des moyens de calcul. Il ne suffit plus d'avoir de bons profs. C’est une raison majeure pour avoir impulsé la création de CIRCALIS. Plus on a de moyens de calcul également, plus les tests sont rapides.
La deuxième raison est que sur certains projets de recherche avec des entreprises, nous n'avons pas le droit de faire sortir les données d’EURECOM en raison de clauses de confidentialité. Nous avons donc besoin d'avoir notre propre structure. Nous avons dû renoncer à certains projets proposés par des partenaires industriels en raison d’un manque d’infrastructures de calcul. On en a quelques-unes, à travers le 3IA notamment, et on achète également des moyens de calcul dans le privé. Mais d'une part, cela finit par devenir très cher, et d’autre part se pose la question de la souveraineté des données.
L’automne dernier, la Région Sud a voté son plan IA où elle s’est engagée financièrement à hauteur de 70 millions d'euros. Ce plan IA sert d’ombrelle au plan Sud ingénieur. C’est dans ce cadre que nous avons soumis le projet de centre de calcul CIRCALIS. C’est un coût total de trois millions d’euros, la Région a accepté d’en financer la moitié.
Nous allons faire l’installation en interne, au niveau de l’école. Il faut qu'on fasse des travaux, et notamment renforcer le sol car les machines pèsent lourd. Nous sommes en train de démarrer le processus d’acquisition des machines. On va étaler les achats sur un an et demi, deux ans, car la technologie évolue tellement vite que ce n’est pas peine de tout acheter tout de suite pour minimiser l’obsolescence.
Quelles sont les dernières tendances en matière de communication ? Et comment l’école se positionne sur ce volet ?
La technologie 5G actuelle est essentiellement terrestre. Quand on passe une communication via une technologie 5G1, le téléphone se met en connexion avec une antenne qui est généralement située sur un toit, pas très loin d'ici, et le service est opéré par un opérateur comme Orange ou SFR. Dans la prochaine version de la 5G - et également dans la 6G - l'idée est d'intégrer une partie de réseau non terrestre au réseau terrestre pour passer les communications en gagnant en couverture. Sous ce parapluie NTN pour Non Terrestrial Network, on trouve les satellites mais aussi des plateformes de haute altitude, comme des ballons dirigeables, qui peuvent évoluer à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol et servir d'antenne avec l’avantage de couvrir une empreinte géographique importante. On trouve aussi les drones. EURECOM a d’ailleurs présenté un démonstrateur au dernier WAICF avec un premier drone équipé de modules radio 5G OpenAirInterface agissant comme un relais 5G pour fournir une connectivité transparente à un autre terminal 5G, qui peut d'ailleurs aussi être un drone fonctionnant comme un utilisateur de terminal aérien.
Cette nouvelle génération 5G équipé NTN va permettre des applications industrielles de la géolocalisation très précises, au décimètre voire au centimètre. Si l’on se projette dans une usine où humains et robots travaillent ensemble, l’enjeu est d’éviter que les humains se fassent arracher le bras par un robot parce que le robot n'aurait pas vu l'humain… La question du positionnement très précis se pose donc pour ce type de cas d’usage et l'idée que la communauté tech poursuit en ce moment est de combiner les signaux satellitaires avec les signaux qui proviennent des stations-relais terrestres. Fusionner ces données permettrait d’augmenter le niveau de précision. L'avantage des signaux terrestres en effet est qu’ils reçoivent des signaux à tout moment, d’une diversité d'antennes-relais. Ces signaux de signalisation peuvent être utilisés pour se repérer plus finement dans l'espace.
Quelles actualités souhaitez-vous mettre en avant ?
Nous sommes d’abord très fiers que Maria Zuluaga, professeure assistante au département Data Science, ait obtenu récemment une prestigieuse subvention du Conseil européen de la recherche (ERC Consolidator Grant). Cette subvention de 2 millions d’euros, répartie sur cinq ans, va soutenir son projet de recherche CARAVEL qui renforce le rôle de premier plan d’EURECOM dans l’application de l’IA à la médecine. En collaboration avec des neurologues et chercheurs du King’s College London et du CHU de Nice, CARAVEL vise à créer le premier atlas spatiotemporel multi-résolution capable de cartographier l’architecture vasculaire vieillissante du cerveau à l’échelle de la population. En relevant des défis méthodologiques critiques pour extraire, modéliser et analyser l’arbre vasculaire cérébral, l’objectif est d’élucider les mécanismes du vieillissement et les contributions vasculaires aux maladies neurologiques, ouvrant la voie à des avancées majeures dans les neurosciences. Le projet exploite les avancées les plus récentes en IA, vision par ordinateur, statistiques avancées et médecine pour modéliser et analyser les vaisseaux cérébraux avec une précision inégalée à date.
Nous venons par ailleurs d’accueillir la cinquième promotion de startups au sein de l’incubateur Tech Forward, que nous co-encadrons en partenariat avec l'EDHEC et l'Institut Mines Telecom, notamment pour leurs projets en IA. Exploration spatiale, biotechnologie, e-santé… Cette promotion est à suivre de près.
🔹 PowerinSpace – Transmission d’énergie sans fil par laser pour alimenter drones, satellites et équipements critiques
🔹 POLYCHAETA – Valorisation des déchets organiques en production durable de vers marins, réduisant pollution et pression sur les stocks naturels
🔹 PEARCODE – Stockage révolutionnaire sur ADN synthétique, ultra-durable et économe en énergie pour l’avenir des data centers
🔹 Deep Io Tech – IA et vision par ordinateur pour une télémédecine plus performante et un meilleur suivi des patients
🔹 Specgen – L’IA qui simplifie et accélère les réponses aux appels d’offres pour libérer les entreprises des tâches chronophages
1. Pour fonctionner, le réseau 5G utilise des bandes de fréquence différentes de celles de la 4G. Tous les mobiles ne peuvent pas s’y connecter.
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