Le Campus Vert d'Azur
Former à l'agriculture de demain

Par Cédric Stanghellini, 10 décembre 2024 à 00:51

La Relève

Avec ses 458 élèves et étudiants, 532 apprentis, 1 239 stagiaires et ses 7 900 m2 de serres, le Campus Vert d'Azur bénéficie d’une implantation privilégiée à Antibes et la proximité avec Sophia Antipolis lui permet de se positionner à la pointe de l'innovation. Ce lien avec le monde de l’entreprise et les centres de recherche permet au campus d'intégrer des solutions innovantes dans ses formations agricoles, notamment pour le biocontrôle des cultures. Ces pratiques novatrices répondent aux enjeux environnementaux actuels, tout en s'alignant sur les attentes croissantes des professionnels du secteur.

Le biocontrôle est une méthode de protection des cultures qui privilégie les mécanismes naturels pour lutter contre les ravageurs et les maladies dans le but de réduire l'usage de produits chimiques. Cette approche repose sur l’utilisation d’organismes vivants, comme les champignons et les insectes auxiliaires, pour maintenir l'équilibre des écosystèmes agricoles. Au Campus Vert d'Azur, cette méthode est au cœur des formations, avec un accent particulier sur l’aspect expérimental. Sabine Risso, coordonnatrice en formation agricole, explique : « Depuis plusieurs années, nous avons un partenariat avec la start-up Mycophyto, basée à Grasse et à Sophia Antipolis, qui développe des solutions basées sur l'utilisation des champignons en symbiose avec les plantes. Nous accueillons leurs expérimentations dans nos serres. Ce type de partenariat entreprise/école enrichit nos programmes de formation et permet aux étudiants d'expérimenter directement des technologies innovantes sur le terrain. »


Le lien étroit avec les entreprises locales est un atout majeur pour le Campus Vert d'Azur. Ces collaborations permettent aux apprenants de s’immerger dans des projets concrets, tout en bénéficiant des technologies les plus avancées. Emmanuel Laurençon, le directeur adjoint du campus, met en lumière l’évolution de l’établissement : « Le lycée horticole, connu des Antibois, a bien changé. Aujourd'hui, on apprend ici de manière plus globale. Le paysage, l’agriculture, la transition écologique... Nous souhaitons être en synchronisation avec ce qui se passe sur le territoire. » Et cela s’étend aux entreprises innovantes de Sophia Antipolis, aux agriculteurs locaux et aux autres pôles de formation et notamment Université Côte d'Azur.


Une pédagogie axée sur le terrain et l'innovation


Cette intégration des méthodes respectueuses de l'environnement aide à préserver la biodiversité des sols et à promouvoir des pratiques agricoles durables. Le campus collabore avec des entreprises spécialisées en biocontrôle, qui fournissent des solutions naturelles pour protéger les cultures. Par exemple, des insectes auxiliaires sont utilisés pour réguler les populations de ravageurs. « Ce qui est intéressant, c’est de voir comment la science et les nouvelles connaissances sur le sol nous conduisent à réévaluer nos pratiques agricoles. On cherche à faire les choses de manière plus naturelle, avec moins de mécanisation », précise Sabine Risso. Cette transition vers des méthodes moins invasives s'inscrit dans un mouvement global de conservation des sols.


Le Campus ne se limite pas à des méthodes traditionnelles. Il adopte aussi les nouvelles technologies pour moderniser l’agriculture. Emmanuel Laurençon souligne l’importance de l’intelligence artificielle : « L'IA par exemple est déjà utilisée dans certains BTS pour travailler sur des intégrations paysagères. Cela permet d'optimiser la gestion des espaces verts avec des logiciels de modélisation et de simulation, tout en offrant aux étudiants une vision moderne de l'aménagement paysager. » Cette intégration de la technologie dans les cursus académiques permet aux étudiants d’être mieux préparés aux défis environnementaux et technologiques de demain.


Une formation ancrée dans la réalité locale


Le Campus Vert d'Azur joue également un rôle fondamental dans l’animation du tissu agricole local. La collaboration avec les agriculteurs des environs est une priorité. Des visites régulières, des partenariats et des échanges avec les professionnels du secteur assurent que les formations proposées sont adaptées aux réalités du terrain. « Nous avons des échanges constants avec les agriculteurs pour intégrer les évolutions constantes du secteur agricole et nous assurer que nos formations restent pertinentes », explique Carine Vilardell, coordinatrice Formation. Cette proximité permet d'offrir des formations en parfaite adéquation avec les besoins des agriculteurs et des entreprises.


Une attention particulière est accordée au public de la formation continue, composé majoritairement de personnes en reconversion. Ces stagiaires, souvent trentenaires, souhaitent se spécialiser dans des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Ils choisissent des formations en maraîchage diversifié, avec un accent sur la protection des sols et des méthodes de culture plus naturelles. Comme le précise Sabine Risso : « Nous proposons des formations courtes de deux ou trois jours qui sont adaptées aux professionnels qui souhaitent se mettre à jour avec les nouvelles techniques agricoles. Ces sessions leur permettent d'intégrer rapidement des innovations utiles sur le terrain, notamment en matière d'irrigation et de gestion des ressources. »


L'avenir de l'agriculture au Campus Vert d'Azur


Cette collaboration avec les entreprises, les agriculteurs et les centres de recherche permet au Campus Vert d'Azur de proposer des formations adaptées aux besoins du secteur. Grâce aux innovations en biocontrôle, à l’utilisation de l'intelligence artificielle et à une approche pédagogique axée sur la durabilité, le campus contribue activement à la transition écologique. Et c’est cette synergie entre la recherche, la technologie et l’enseignement qui fait de cet établissement un pilier de l’agriculture durable en France.




Le Campus Vert d’Azur regroupe quatre entités


Le Campus Vert d'Azur désigne en réalité quatre établissements différents, chacun jouant un rôle clé dans la formation agricole et environnementale. Le Centre de Formation professionnelle et de Promotion agricole (CFPPA), le lycée agricole Vert d'Azur, une exploitation agricole qui permet aux étudiants de mettre en pratique leurs connaissances dans un cadre réel, et le CFA RAP PACA qui accompagne les jeunes dans leur formation par apprentissage. 



Une longue histoire antiboise


L’histoire du premier établissement horticole d’Antibes commence en 1891 avec la création d’une école dédiée à l’agriculture, répondant à la crise du phylloxéra, un insecte ravageur de la vigne qui a affecté toute la France à la fin du 19e siècle. La culture sous serre est ensuite rapidement développée, ouvrant la voie à la production de tomates, de roses et d'œillets. Après la Seconde Guerre mondiale, la ville d’Antibes devient un centre de l’horticulture en France et des formations supérieures sont créées au sein de l’école. Dans les années 1960, l'école se transforme en lycée agricole, offrant des diplômes jusqu’au bac technique. Dans les années 1980-90, l’offre de formation est étoffée avec le soutien de la Région et l’aménagement paysager est intégré. C'est en 2019 que l’ensemble est rebaptisé Campus Vert d’Azur.

Parution magazine N°47 (décembre, janvier, février)

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