Sous le soleil de Telecom Valley, CALIBSUN
Énergivores
NEXT, service de prevision de production pour centrales photovoltaïques © CALIBSUN
Solaïs, leader mondial des études de réverbération des centrales photovoltaïques, vient de créer sa spin-off, CALIBSUN, une société en pointe dans la prévision d’ensoleillement et de production d’énergie photovoltaïque. L’entreprise travaille aussi sur les problématiques de stockage et sur le monitoring des centrales. SophiaMag a rencontré Nicolas Thévenin, l’un de ses deux co-fondateurs.
Nicolas Thévenin et Sébastien Pitaval, co-fondateurs de Solaïs (2008) puis de CALIBSUN (2023), ont l’ingénierie solaire chevillée au corps. Douze ans de recherche avec le centre O.I.E des Mines Paris – PSL ont permis d’affiner les algorithmes d’intelligence artificielle en combinant expertises photovoltaïque et météorologique. Miser sur une saine complémentarité en somme, un pari qui a bien l’air de gagner.
Comme l’explique Nicolas Thévenin, directeur général de CALIBSUN, « notre métier a évolué. En 2008, on accompagnait nos clients pour réaliser leurs projets photovoltaïques clé en main. Essentiellement des sociétés avec de grandes superficies de toiture. C’était de l’ingénierie et du conseil et on traitait toutes les problématiques techniques, financières, juridiques et assurantielles. On s’est vite rendu compte qu’il y avait des problématiques très intéressantes autour de la ressource solaire et dès 2010, on a commencé à s’y intéresser. »
CALIBSUN a développé trois outils stratégiques qui améliorent la gestion technique et financière des centrales photovoltaïques au sol et qui répondent aux enjeux de rentabilité, de viabilité économique et d’intégration sur le réseau. CUBE est une cabine de mesure qui permet de sélectionner et de valider les meilleurs sites en amont du projet de centrale en croisant des données empiriques mesurées in situ veritas pendant un an avec des données historiques extraites de bases de données météo existantes ou de bases d’irradiance qui remontent jusqu’à vingt ans en arrière. L’IA permet de croiser cette masse de données et de générer un profil d’ensoleillement précis, une année type, indispensable aux prises de décisions d’investissement.
Le deuxième outil, SKY, a été développé pour anticiper les aléas climatiques locaux pour les problématiques de niche des sites isolés, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas raccordés au réseau. Les sites industriels implantés dans des déserts électriques ne manquent pas sur Terre, notamment les entreprises extractives, et beaucoup sont encore connectés en système D, grâce à de bons vieux groupes électrogènes qui permettent l’activité en milieu non connecté. Ce mode de fonctionnement a cependant deux limites : d’une part, le problème carboné, général, d’autre part, une logistique conséquente, chère et risquée pour s’approvisionner en fuel. Ces entreprises aussi font leur transition énergétique et ce n’est pas un hasard si l’une des premières interventions de CALIBSUN s’est faite au Sahel. « En site industriel isolé, une heure de black-out peut coûter très cher... On doit donc être en mesure de pouvoir dire à nos clients, attention, il y a des nuages qui arrivent, la production va baisser de x % pendant x minutes. SKY est né de ce besoin. On a développé un réseau de caméras qui regardent le ciel et qui analysent dynamiquement les nuages. Altitude, densité, direction, vitesse de déplacement. De là, on déduit en temps réel l’impact sur la production photovoltaïque et grâce au système de monitoring en place, on est capable d’informer nos clients. Si vous voulez qu’on vous garantisse tel niveau de puissance électrique sur votre site, il faut allumer les groupes électrogènes à telle heure pour compenser le niveau de puissance électrique que l’on va perdre sur le photovoltaïque. » Le forecasting est mort, vive le nowcasting. Aujourd’hui, on arrive à prévoir la quasi-immédiateté. C’est le début d’une ère qui marque l’avènement des devins.
Le troisième outil, NEXT, prévoit avec précision la dynamique d’éclairement du site[1] et donc la production d’énergie avec un impact direct sur les finances d’entreprise. « Lorsque que l’on est dans des énergies intermittentes, c’est-à-dire dans des types d’énergie qui dépendent des ressources naturelles, il faut être capable de prédire pour être crédible. Quand vous avez un réseau électrique, si vous avez du stop & go constamment sur le réseau, pour le gestionnaire de réseau c’est impossible à gérer. Donc comme on ne peut pas contrôler le soleil, on a besoin de pouvoir piloter en anticipant. On a besoin de pouvoir dire, dans une journée, il y a aura tant d’ensoleillement. Aujourd’hui on arrive à prédire cet ensoleillement de manière très précise et sur des horizons de temps différents, du très long au très court terme. »
CALIBSUN est une spin-off à l’esprit startup, adossée à une entreprise qui a quinze ans de légitimité dans le solaire. C’est une filiale de Solaïs à 100 %. Simple boîte à outils à la base paramétrée pour faire de la prévision d’ensoleillement et de la prévision d’énergie, c’est arrivé à une telle maturité que cela justifiait pleinement la création d’une structure à part. « On est entré dans une ère où le photovoltaïque est actuellement la première source d’énergie en cours de développement. C’est en train de devenir la première énergie du monde.[2] Rien qu’en France à l’horizon 2028-2030, on doit avoir une capacité solaire installé de l’ordre de 35 gigawatt, c’est la fourchette basse du plan de programmation pluriannuelle de l’énergie. Actuellement on est à 16 gigawatt. C’est un développement très agressif de la filière puisque l’on va doubler voire tripler la capacité photovoltaïque installée en quelques années seulement. C’est l’équivalent d’une trentaine de centrales nucléaires. »
Pas de doute, la technopole est bien représentée dans cette ruée vers l’or jaune.
[1]Pour tous ceux qui ne sont pas puristes, l’éclairement est synonyme de l’ensoleillement en plus jargonneux.
[2] En France, au vu de la part importante du nucléaire, le photovoltaïque se positionne au 2e rang.
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