Jazzacadabra...

« Classique = moderne », peut-on lire dans le film Bande à part de Jean-Luc Godard. La formule vaut aussi pour la 63e édition de Jazz à Juan. Sur la scène de la pinède Gould, dans le décor de la baie juanaise avec la découpe de l’Estérel au loin, la musique semble se déployer en cinémascope pour mieux emporter le public dans un tourbillon de rythmes et d’harmonies multiples. Du batteur Manu Katché à Youssou N’Dour, du groupe Toto au pianiste Sofiane Pamart, on y trouve aussi bien les tenants d’un jazz traditionnel et classique, de facture classieuse quoi qu’il en soit, que les adeptes de tonalités plus actuelles. Tous les goûts sont dans le registre de Jazz à Juan qui n’aime rien tant que varier les plaisirs et élargir la palette de ses horizons musicaux, en respectant toutefois son ADN. « Une identité dans la diversité », résumait Jean Leonetti, le maire d’Antibes, lors du dévoilement de la programmation du festival. Entre éclectisme et concordance des tempos, cette longueur d’ondes, Reno Di Matteo, Jean-Noël Ginibre et Pascal Piloget, les trois directeurs artistiques de la manifestation, l’ont voulue fidèle aux valeurs qui ont fait le succès et la longévité des rendez-vous de la mythique pinède. « Des soirées qui se suivent et ne se ressemblent pas. Des têtes d’affiche et des découvertes avec près de 50 % des invités de cette édition qui ne se sont jamais produits ici. Des passerelles entre différentes déclinaisons musicales au cours d’un même soir. Un festival sans frontières… » Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, les propos du trio dessinent ainsi les contours d’un Jazz à Juan qui trace sa voie, trouve ses bonheurs au gré des concerts programmés dans son sillage.

Á l’affiche

Sur les onze dates du festival, on va pouvoir cartographier toute une constellation de grands noms, garants d’intenses soirées jazz pur malt ! Parmi les points cardinaux de ces voluptés haut de gamme, une double dose de plaisir avec la soirée du samedi 13 juillet et des pointures de la musique que sont les frères Belmondo d’une part et d’autre part, un quartet composé de Chris Potter, Brad Mehldau, John Patitucci et Johnathan Blake. Les aficionados apprécieront ! Quarante-cinq ans de carrière, multi-instrumentiste, Marcus Miller viendra lui aussi emballer la pinède dans un trip dont il a le secret, au croisement du funk, de la soul et du jazz. Tout comme le saxophoniste Joshua Redman qui se produira le même soir (mercredi 17 juillet), avec son groupe et une jeune chanteuse, Gabrielle Cavassa, pour un voyage musical captivant. Et pour celles et ceux qui aiment rêver le jazz en format cinéma, Erik Truffaz se frotte à l’univers des bandes originales de films cultes revisitées par les soins de sa trompette et par les instruments d’amis musiciens qui seront là avec lui (lundi 15 juillet). Au générique de Jazz à Juan, bien d’autres sensations fortes vont elles aussi créer l’événement. Á commencer par le groupe star Kool & The Gang, auteur de tubes inoxydables aux sonorités funk, soul et disco au fil d’une carrière « on the beat » (le 16 juillet). Autre groupe au long cours, Pink Martini et son sens du swing latino jazzy comme une caresse de glamour rétro. Née à Portland en 1994, la formation sera là, dans le parfum satiné de sa musique (vendredi 12 juillet). Laissez les charmes agir…

Les meilleures pour la fin

Tout au long de son histoire, de grandes figures du jazz vocal n’ont cessé d’écrire la légende de Jazz à Juan au féminin pluriel, en majesté ! Cela se perpétue encore une fois avec cette édition qui fait la part belle à de nouvelles venues sur la scène de la pinède. Certaines font déjà l’objet d’une consécration fulgurante, à l’instar de Laufey, jeune artiste de jazz aux compositions évanescentes et soyeuses qui cumule plus de 425 millions d’écoutes via Spotify. Elle se produira dans le cadre du festival le mardi 9 juillet, avant de laisser le micro le même soir à une habituée des lieux, Selah Sue et sa voix de rockeuse bluesy. Deux autres dates accueilleront des groupes de musiciennes et chanteuses ici pour la première fois : l’Original Pinettes Brass Band pour une soirée en fanfare, comme il se doit le 14 juillet. Jimetta Rose & The Voices of Creation, un chœur communautaire aux accents gospel mâtinés de jazz, soul et funk le jeudi 18 juillet en clôture de Jazz à Juan (ces deux concerts sont gratuits sur invitation/réservation).

Festival Jazz à Juan, organisé sous l’égide de l’Office du Tourisme d’Antibes Juan-les-Pins,

du 8 au 18 juillet