Le théâtre dans la peau !
Arts en scène
Daniel Benoin © DR
Dans la tête d’un metteur en scène de théâtre...
Dans celle de Daniel Benoin plus précisément. Savons-nous ce qui peut se passer là, après déjà plus de cent trente spectacles à l’actif de celui qui, avant Anthéa, fut successivement le directeur de la Comédie de Saint-Étienne puis du Théâtre National de Nice au cours de sa carrière ? Naguère, le monsieur a tout de même rencontré, en vrai, un certain Ingmar Bergman, totem total du cinéma et du théâtre dans l’histoire de l’art du 20e siècle ! Cela vous pose un homme et même vous soupèse le poids du bonhomme dans la profession après un jubilé de bons et loyaux services sur moult scènes de France et de Navarre en tant que metteur en scène et comédien. Alors, parole d’évangile, certainement pas, cela déplairait par trop à sa foi de libre penseur, mais Benoin sait de quoi il parle quand il cause théâtre, et pour cause !
« Tant que tout ça me passionne, ce qui est le cas, ça me va », résume ce dernier. « Sur ton métier, remets sans cesse ton ouvrage », dit l’adage bien connu. Le directeur d’Anthéa s’emploie activement à mettre les deux formules en pratique. Où l’on en revient à notre case départ. Sous l’étincelle des mots d’un manuscrit, allumer (au sens Johnny du terme) les feux de la rampe et brûler les planches à la flamme des passions humaines : quel est l’élément déclencheur où s’embrase le passage à l’acte pour mener à bien pareille entreprise ? Comment naît le désir de monter un spectacle ?
Daniel Benoin balaie ces supposées grandes questions d’un sourire. Pour lui, les choses du théâtre sont beaucoup plus concrètes. Comme le disait Duras à propos de l’écriture, il est dedans naturellement. « J’ai des piles de textes devant moi, sur mon bureau, ce sont des pièces que j’aimerais mettre en scène, confie-t-il, et puis soudain, va savoir pourquoi comment, un de ces textes sort du lot et se retrouve au sommet de la pile et ça y est, c’est parti ! Ça peut être aussi simple que ça… » Á chacun sa méthode, les mystères de la création artistique et ses vapeurs romantico-poétiques, pas le genre de la maison ! Et donc, cette fois, grâce à la pièce qui est sortie de la pile, c’est comme si le public d’Anthéa avait touché le gros lot, l’heureux gagnant étant un auteur-phare du théâtre européen, Botho Strauss, pour un de ses écrits, La lettre de mariage, tiré d’un recueil de nouvelles, Personne d’autre. Une autre option possible de spectacle signé Benoin aurait pu être Le misanthrope de l’ami Molière, « mais mon ami Georges Lavaudant m’a volé la politesse en montant la pièce cette saison, j’attendrai, une prochaine fois, peut-être… », se console l’intéressé. D’autres projets tournicotent dans son cortex théâtrix (terme inventé à l’instant même de la rédaction de ces mots). D’autres envies, qui se feront peut-être, ou peut-être pas. Un autre Molière en la personne de son Georges Dandin. Pour l’opéra, une Tosca. « Vissi d’arte », « j’ai vécu d’art », chante l’un des grands airs de l’ouvrage. On ne saurait mieux dire. Daniel Benoin en plein dans le cœur !
Personne d’autre de Botho Strauss, par Daniel Benoin avec Aurélie Saada, du 7 au 23 janvier
Pour aller plus loin...
Dans la même rubrique
Jenkellement vôtre
10 décembre 2024 à 18:01
Identification d'une femme
10 décembre 2024 à 00:50
UNESCO, Monaco
et la photographie environnementale
6 décembre 2024 à 02:26
Eugénie Andrin
fleur du bal
5 décembre 2024 à 23:33
Maillot ou la danse en destin...
5 décembre 2024 à 23:19
Cha-cha-cha sur le Rocher
5 décembre 2024 à 00:50
Qu’en pensez-vous ?
Donnez-nous votre avis
Pour vérifier que vous êtes une intelligence humaine, merci de répondre à ce questionnement lunaire.