Nés sous le signe des plateaux
Les damoiseaux du texte fort

Par Frank Davit, 10 mars 2025 à 09:25

Arts en scène

Allez sur leur terrain de jeu et vous verrez par vous-même… Julien Nacache et Louis-Aubry Longeray forment l’attachant duo au cœur de la troupe des Collectionneurs, fougueux collectif théâtral qui a le goût des aventures scéniques échevelées. La preuve, leur nouveau projet tout fou : 48H anthéa.

Pour l’amour du risque ou Drôle de drame. Appelez ça comme ça vous chante. Assaisonnez-le d’un zeste de Stage fright si vous voyez les choses ainsi. Bref, remuez autant que vous le voudrez des titres de films et de séries pour donner un nom à ce qu’ils vont tramer prochainement du côté d’Anthéa, l’essentiel est que ces deux-là passent aux actes. Et ils ne vont pas s’en priver ! Mais avant de vous dévoiler leur projet antibois, procédons d’abord à l’entrée des artistes, tous deux d’ici (des enfants saint-paulois à la base).


Julien Nacache et Louis-Aubry Longeray (par ordre d’apparition à notre rendez-vous en vue de cet article) se sont précisément rencontrés gamins, à l’école, et ils ne se sont plus quittés pour ainsi dire. Le démon des planches les a pris ensemble, leur a fait vivre moult péripéties nonobstant leur jeune âge et les voilà aujourd’hui, bien implantés dans le paysage théâtral azuréen. Ils ont monté leur propre compagnie, les Collectionneurs, ont su s’attirer les faveurs de Daniel Benoin, directeur d’Anthéa, parce que ce sont de fieffés bateleurs dans l’âme et la suite, c’est eux qui la racontent.


« En fait, parlent-ils d’une seule voix, il y a quatre ans, nous avons voulu passer le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de Paris. On a travaillé à fond plein de textes pendant quatre mois en vue du concours, hélas sans succès. Et puis voilà, par un heureux tour du destin, au même moment, Anthéa nous appelle et nous propose de créer un spectacle itinérant pour un public scolaire. On a aussitôt accepté l’offre et de là, avec tous les rôles qu’on avait préparés pour le Conservatoire, nous est venue une idée pour honorer notre engagement : proposer aux gosses une formule de théâtre à la carte. » 


Comme au resto, parfaitement, vous ouvrez le menu et entrées, plats, desserts, vous choisissez ce qui vous va pour être bien dans votre assiette, comme dans un fauteuil (d’orchestre) ! Car oui, on a zappé l’info cruciale dans tout ça : devant le succès suscité par l’idée, Théâtre à la carte est devenu un délice signature maison des Collectionneurs et la chose s’est déclinée à l’échelle du public adulte. « Une table, deux chaises en guise de décor, à partir de notre menu, les spectateurs choisissent des extraits de pièces, classiques, comiques, actuelles… et à nous de jouer !, explique Julien. On s’est produits l’été dernier dans le off du festival d’Avignon sur ce principe et on y retourne l’été prochain. Avec la logistique, on part à huit, on joue à quatre sur scène. Fort de l’engouement qu’il a rencontré, le concept est un peu comme le poumon de la compagnie… »  

le poumon de la compagnie… » 


48H anthéa, ça planche pour eux…


Ils ont la tchatche, ils ont la niaque. Double messieurs savoureux qui croque la scène, passionnés par les métiers du spectacle, nos deux garçons dans le vent vont de l’avant, multiplient les casquettes. Metteurs en scène, acteurs, auteurs, ils ont fourbi leurs charmes auprès de leurs pairs, Daniel Benoin, Michel Boujenah, le collectif La Machine. Il y a eu aussi une brève escale par le Conservatoire de Nice. Tirez le fil et revenez à la case départ de cet article, qui n’est surtout pas un point d’arrivée, juste une nouvelle étape de leur parcours : l’organisation d’un plateau-crochet, 48H anthéa.


Quoi donc ? Comment ? Les lascars précisent leur projet. « Avec le soutien d’Anthéa, qui nous accompagne et nous coproduit au long cours, nous invitons les compagnies théâtrales de tout poil à participer à un week-end de création en immersion. Au préalable, il faut présenter un dossier de candidature puis il y a sélection et une dizaine de compagnies retenues. Ensuite, loin d’un esprit de compétition, d’un concours, on veut que l’expérience repose sur une équation sympa, soit un challenge d’artistes qui veulent faire connaître ou montrer leur univers, leur patte, et qui saisissent cette occasion comme un tremplin… »


Dans les faits, sur le modèle du théâtre parisien du Rond-Point, cela donne un sacré week-end en perspective, qui aura lieu début mai. Le vendredi à 18 heures, les compagnies sélectionnées découvrent la thématique autour de laquelle elles vont devoir imaginer, broder, écrire un opus d’une dizaine de minutes maximum, qu’elles joueront en public, à Anthéa, le dimanche. Thriller, comédie, conte, vaudeville… chacune d’elles se verra attribuer par tirage au sort un registre d’action et s’accommodera de bâtons dans les roues, histoire de corser la donne. Une même réplique à caser dans le dialogue, un accessoire à intégrer dans l’intrigue, un personnage « mistigri » en figure imposée, et la même déco pour tous, inamovible. Le dispositif est aussi prometteur qu’amusant : il s’agit de titiller les talents sur les starting-blocks de l’aventure avec juste un rien de piment. « À travers 48H anthéa, soulignent les Collectionneurs, on veut mettre en œuvre un spectacle de qualité, avec au final une soirée divertissante que l’on présentera en annonçant chaque création des compagnies. »


Le maître mot de ce marathon théâtral est bel et bien là, c’est de promouvoir la création. Anthéa est très attaché à cette dynamique, à se faire vecteur de cette énergie porteuse de renouveau, d’échanges. Daniel Benoin mais aussi Michel Boujenah et le Collectif 8, des proches de l’établissement, seront d’ailleurs des parrains de l’événement.    


48H anthéa

du vendredi 9 mai à partir de 18h jusqu’au dimanche 11 mai, représentation et spectacle final à 19h

Inscription des compagnies jusqu’au 15 mars sur le site d’Anthéa, www.anthea-antibes.fr    




2 gars, 1 frite 


Après 48H anthéa, après le off d’Avignon, les Collectionneurs n’auront pas dit leur dernier mot pour autant. Si tout se passe comme prévu, à l’invitation de Michel Boujenah, on les retrouvera en fin d’été du côté de leur fief de Saint-Paul de Vence pour ce qui devrait être la première édition d’un festival de l’humour et de la comédie, du 12 au 14 septembre. Entouré par leurs potes de la compagnie, le duo sème aussi ici et là, sur différentes scènes, son plaisir de jouer, a jeté son dévolu sur Le petit chose d’après Alphonse Daudet ou Deux frères de Fausto Paradivino pour se donner de nouveaux rôles.


Quant à un prochain spectacle, il est déjà en cours d’écriture, « à quatre mains et dix pieds pour le jouer sur scène… », plaisante Julien Nacache. Á quoi surenchérit Louis-Aubry Longeray « on travaille beaucoup, à peine si parfois on trouve encore le temps de dormir mais on choisit nos insomnies ! » On vous avait prévenu, ce tandem, il est extra, c’est d’la dynamite !

Parution magazine N°48 (mars, avril, mai)

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