Planches de vie

Par Frank Davit, 2 septembre 2024 à 14:29

Arts en scène

Un théâtre dans une ville, c’est toute une histoire. Comme pour chaque nouvelle saison, celle que raconte le Théâtre de Grasse va faire battre les cœurs des petits et des grands, de plus belle, plus grand et plus fort.

Autrefois, pour signifier qu’un type était balèze, on disait de lui que c’était une armoire à glace. Dans la lignée de cette formulation, solidement installé dans le paysage culturel, ses portes largement ouvertes sur les puissances du réel et de l’imaginaire, on dira que le théâtre de la cité des parfums est une armoire à… grâces ! Entendez par là que l’établissement va vous faire vivre une saison 24/25 pleine de rebondissements, de charmes et de sortilèges pour des échappées à la barbe de la morosité ambiante. Cirque, danse, théâtre, musique, tout le spectacle vivant y passe ! Le Théâtre de Grasse a aussi à cœur d’essaimer ses plaisirs dans un ancrage territorial au-delà de ses murs. Dans différents lieux de la ville dédiés à la culture, dans les communes avoisinantes du bassin grassois. Colporter la parole et le geste des artistes de la scène pour donner à rêver et penser : ici et là l’équation est posée avec des variables attrayantes, au fil d’une saison qui a fière allure ! La preuve par trois spectacles en forme de variations autour de l’œuvre de Molière. Production montée par Valérie Bournet et Philippe Car de l’Agence de Voyages Imaginaires, il y a ainsi un Don Juan hybridé d’après la pièce de Molière et d’autres de Michel de Ghelderode, Tirso de Molina et Edmond Rostand. Á suivre plus tard dans la programmation, Le Malade imaginaire, par et avec Tigran Mekhitarian (entre autres). Quasiment en clôture de saison, au printemps prochain, viendra le temps de La Saga de Molière, librement inspirée du Roman de monsieur de Molière de Mikhaïl Boulgakov, jouée par Johana Giacardi avec la compagnie Les Estivants.


Fées de la rampe


Autour de ces trois « Molière » choisis comme points de repère, le Théâtre de Grasse va notamment emberlificoter sa saison tous azimuts dans une pelote de spectacles ébouriffants, où l’art du cirque et des clowns a largement sa place, dans une relecture moderne du genre. Á cette enseigne, font joliment la blague Les Rois vagabonds, un objet scénique foufou créé par la compagnie du même nom emmenée par son duo Julia Moa Caprez et Igor Sellem. Sous étiquette mentaliste, le spectacle Evidences inconnues, de Kurt Demey avec la compagnie Rode Boom, lui aussi donne à voir sous d’autres facettes d’anciens numéros des jeux de piste et jeux d’esprit. On flirte ici avec une approche ludique du mystère, des coïncidences étranges qui confinent en un univers de pure magie. Autre univers, la poésie du spectacle Du bout des doigts, présenté par Gabriella Iacono et Grégory Grosjean, pour une chorégraphie à quatre mains qui invente en direct de la représentation un film d’animation sous les yeux du public. Acrobaties, défis des lois de la pesanteur, danse, la saison grassoise trouve également ses bonheurs dans des matières aériennes… en état de grâce, forcément ! Et puis, le dramaturge et metteur en scène Tiago Rodrigues, patron du festival d’Avignon, s’est faufilé dans la programmation avec une reprise de son opus By heart. Démonstration est fête : au Théâtre de Grasse, les artistes sont au travail, les fées de la rampe sont bel et bien là !

Parution magazine N°46 (septembre, octobre, novembre)

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