Sophia Club Entreprises aux manettes du plan de mobilité employeur commun
Polis
Depuis plus de 30 ans, Sophia Club Entreprises (ex-Club des Dirigeants) met en réseau les entreprises sophipolitaines et participe activement par le lien social au développement de la technopole. Le Club s’est attaqué depuis 15 ans au difficile nœud des mobilités. Trois axes de travail autour des transports en commun, du covoiturage et du vélo, le tout dans un état d’esprit d’amélioration de l’existant et d’incitation à l’expérimentation.
Depuis 2008, Sophia Club Entreprises pilote le plan de déplacement inter-entreprises sur Sophia Antipolis. Règlementairement, depuis 2019 et la loi d’orientation sur les mobilités, toute entreprise de plus de 50 salariés se doit de mettre en place un plan de mobilité employeur. C’est un ensemble de mesures qui vise à optimiser l’efficacité des déplacements liés à l’activité, en ligne avec les objectifs de diminution des émissions des gaz à effets de serre et pour réduire la congestion des axes routiers, et notamment les trajets domicile-travail. Ce plan peut inclure diverses incitations - forfait mobilité durable, prêt de vélo… - et peut être renégocié tous les ans dans le cadre des négociations annuelles obligatoires.
La particularité de Sophia est qu’un plan inter-entreprises existe. Et ce n’est pas si courant. La technopole a cette double particularité d’être géographiquement très concentrée au niveau local, et en même temps de bénéficier d’une cohésion sociale inter-entreprises qui est rare. Cerise sur le gâteau, l’antenne de l’ADEME située sur Sophia est une réelle chance pour les entreprises du territoire qui trouvent en l’Agence de la transition écologique un partenaire de proximité de choix.
Depuis quinze ans, Sophia Club Entreprises suit les tendances des mobilités, met en réseau les entreprises et incite à l’expérimentation sous toutes ses formes. Chloé Sattezzi, Program Manager du Club Sophia Entreprises, nous a reçus et en est convaincue. « C’est par l’expérimentation que les comportements changent ». Cette année marque la 8e édition du Challenge Mobilité. Co-organisé par l’ADEME et le Sophia Club Entreprises, avec le soutien des autorités organisatrices de la mobilité et des partenaires locaux, le Challenge vise à promouvoir les modes de transport alternatifs à l’utilisation individuelle de la voiture auprès des actifs de la technopole pour leurs trajets domicile-travail. Vélo, co-voiturage, transports en commun… Peu importe comment, l’important est de tester. 85 % des trajets domicile-travail sur Sophia sont des autosolistes, toute initiative visant à baisser le ratio est donc bienvenue. Le Challenge est ouvert à tous les établissements implantés sur le territoire de Sophia Antipolis et la participation est entièrement gratuite.
Au-delà de l’organisation du Challenge annuel, le Club intervient méthodiquement sur trois axes pour influer structurellement sur les mobilités locales. Le premier axe concerne l’action menée pour promouvoir et améliorer l’offre de transports en commun. Sophia Club Entreprises recense de manière fine les besoins des entreprises et fait ensuite le lien avec les autorités organisatrices de mobilité, à savoir la CASA, son bras transport le réseau Envibus et le département. Deux méthodes de collecte de données sont employées. La première est une enquête auprès des entreprises pour collecter des données anonymisées de géolocalisation des trajets domicile-travail. Cela permet de générer une cartographie à un instant t et cela aide à déterminer les pôles d’habitat les plus importants et donc où concentrer les efforts. L’objectif est de modéliser les trajets pour améliorer les dessertes en proposant des propositions d’amélioration sur base d’une analyse empirique. Concrètement, cela peut être des suggestions d’augmentation de fréquence au niveau des lignes de bus ou des suggestions de desserte plus fine. Avec l’appui de la CCI Nice Côte d’Azur,
une enquête est actuellement en cours pour actualiser les données de géolocalisation des domiciles des actifs de Sophia Antipolis, salariés et étudiants (la dernière enquête s’était déroulée en 2015). En termes d’échantillons, 15 000 trajectoires domicile-travail avaient été collectées en 2015 à partir de 40 grandes entreprises. L’enquête en cours porte sur 18 000 données extraites de 94 établissements. Rappelons que la technopole compte environ 40 000 salariés et que les données sont complètement anonymisées. Ce travail fin de géolocalisation permet d’analyser les flux des déplacements vers Sophia Antipolis (origine – destination) et sert de base au travail collectif mené en étroite collaboration avec les autorités organisatrices de mobilité pour améliorer l’accessibilité de Sophia.
Dans la continuité de cette étude et dans le cadre d'un partenariat entre Sophia Club Entreprises, la Communauté d'Agglomération Sophia Antipolis et la chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur, une deuxième enquête mobilité est en cours pour connaître les habitudes de déplacement des actifs de Sophia Antipolis. L’objectif est d'identifier les pratiques de déplacement ainsi que les besoins et attentes en matière de mobilité alternative. Les résultats seront croisés avec l’enquête de géolocalisation pour formuler des propositions en connexion avec les pratiques.
Un autre axe où le Club s’investit en matière de mobilité tourne autour du covoiturage. Si Sophia a été construit dans l’état d’esprit de l’époque du tout voiture (avec rappelons-le, 85 % de personnes aujourd’hui qui voyagent seules dans leur voiture sur le bassin sophipolitain), l’enjeu du covoiturage est un enjeu réel sur Sophia Antipolis, et si BlaBlaCar s’est installé récemment chez Sundesk, ce n’est pas un hasard. La technopole pâtit de contraintes topographiques fortes mais le Club travaille sur plusieurs leviers pour tenter de lutter contre l’autosolisme - l’environnement, le levier financier, une offre de services plus adaptée et l’accompagnement à la dynamique de changement de comportement. Chloé Sattezzi nous indique qu’il y a eu quelques initiatives de promotion du covoiturage par le passé. Comme elle l’indique, « c’était peut-être un peu tôt. On a essayé en 2015, puis en 2017, de faire converger des covoiturés et des covoitureurs sur une même plateforme, dans l’esprit de créer une communauté pour Sophia. Ça n’a pas pris. Aujourd’hui semble une bien meilleure temporalité. »
Un dernier axe phare de l’investissement du Sophia Club Entreprises sur les mobilités porte sur la promotion du vélo. « C’est le challenge mobilité qui nous a permis de mesurer cette appétence pour le vélo. Depuis l’année dernière, pour la première fois depuis sept ans de Challenge, c’est le vélo / vélo à assistance électrique qui est devenu le mode de transport alternatif le plus important. 40 % des personnes salariées qui ont participé au challenge se sont reportées sur le vélo comme mode alternatif pour se rendre au travail. »
Fin 2021, GoodWatt a approché Sophia Club Entreprise avec l’idée de construire une offre mutualisée pour faciliter l’accès au vélo pour les salariés d’entreprises sophipolitaines. L’idée est que pendant une période, l’entreprise mette à disposition des vélos à assistance électrique à ses employés pour qu’ils en testent la pratique et qu’éventuellement, ils adoptent ce mode de transport certains jours pour leurs déplacements domicile-travail. L’intérêt de mutualiser une offre est liée aux coûts bien sûr mais aussi à un pari sur une certaine forme d’émulation collective. Le bilan après un an, après avoir accompagné onze grosses entreprises, est de 250 participants, 25 000 km parcourus à vélo et une fréquence d’utilisation du vélo pour se rendre sur son lieu de travail estimée à plus de deux jours par semaine. Une centaine de kilomètres à l’année donc en moyenne, même si le bilan s’appréhenderait mieux en fourchette au vu de la diversité de pratiques au niveau individuel. L’expérience s’est donc révélé plutôt prometteuse et s’il faudra continuer de suivre les taux de transformation (d’usage voiture à usage vélo), le changement semble bien en marche. Chloé Sattezzi le confirme, « tous les partenaires ont joué le jeu pour développer le vélo sur le bassin de Sophia. Le département, la CASA, les communautés d’agglomération voisines, l’association Choisir le Vélo, la communauté sophipolitaine des usagers du vélo… Depuis cinq ans, les infrastructures sur voirie ont vraiment évolué et avec l’arrivée de concert du vélo à assistance électrique, on voit la pratique se déployer. Les entreprises aussi se sont adaptées et équipées pour accompagner cette transition, parce qu’avec l’augmentation de l’usage du vélo, il faut prévoir des équipements adéquats (douches, vestiaires, local à vélos...»
Les enjeux de mobilité sont énormes et il faut éviter toute sur-simplification. En bon pilote du plan de mobilité employeur commun, Sophia Club Entreprises continue d’analyser le contexte et les changements de perception et de pratiques pour pousser des propositions qui collent au plus près des besoins.
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