Apologie du biocontrôle
25 ans d’entrepreneuriat DeepTech
Planète bleue
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Vingt-cinq ans après la Loi sur l’innovation de 1999 et ses adaptations ultérieures qui ont permis le développement d’entreprises innovantes liées à la recherche publique française, l’incubateur Provence-Côte d’Azur a fêté cet anniversaire à Inria fin octobre, à la sauce sophipolitaine, en rassemblant plusieurs dirigeants de Deeptech qui ont partagé sans fard leur retour d’expérience. En partenariat avec Inria, BPIFrance, l’Idex d’Université Côte d’Azur, l’université de Toulon et le ministère en charge de la Recherche.
Une loi qui reste dans le temps, qui est appliquée et qui semble marcher. C’est assez rare pour être souligné. La loi sur l’innovation a créé le cadre déontologique et juridique nécessaire pour que, dans la recherche publique, les chercheurs soient autorisés à devenir entrepreneurs sur leurs propres travaux. Elle a aussi été l’occasion de flécher des aides financières publiques conséquentes autour du Deeptech, ce qui s’exprime de manière concrète aujourd’hui via les concours d’innovation i-PhD, i-Lab et i-Nov (ex-CNACETI).
Les incubateurs publics ont dérivé de cette même loi en se positionnant sur le lien recherche publique - entreprise privée et sur la promotion de l’entrepreneuriat auprès de jeunes docteurs issus de l’université. L’incubateur Provence-Côte d’Azur est issu de cette approche volontariste. Maureen Clerc, directrice de recherches au centre Inria d'Université Côte d'Azur, a repris les rênes de l’incubateur en mai dernier et rappelle quelques chiffres à la tribune. Depuis sa création en 2001 sous le nom d’incubateur PACA-Est, 260 projets ont été incubés. 23 ans plus tard, 130 entreprises actives sont issues de l’incubateur, comptant pour 1 500 emplois directs dans les Alpes-Maritimes et le Var et 150 M€ de chiffre d’affaires dont la moitié à l’international. En termes de levée de fonds, 305 M€ cumulés, principalement auprès d’investisseurs privés.
Le secteur agricole s’est immiscé dans cette trajectoire Deeptech avec de belles réussites à ce jour. Christophe Vasseur faisait partie des panélistes invités à témoigner de son expérience. Cet océanographe-entrepreneur a cofondé la société de production d’algues Inalve en 2016, en collaboration avec Hubert Bonnefond, et l’a guidée dans les chemins sinueux des aides publiques à l’innovation. Avec succès puisqu’Inalve a été lauréat du concours national i-Lab en 2015 en ˮémergenceˮ, lauréat du concours mondial de l’innovation en ˮphase d’amorçageˮ en 2016 et lauréat du concours mondial de l’innovation 2030 en 2018, ce qui a eu un effet boule de neige l’année suivante en termes de levée de fonds. Des aides publiques bienvenues donc, panachées entre subventions et avances récupérables, et capées à un taux et un montant maximum d’intervention. Après la mise en orbite d’Inalve, Christophe Vasseur s’est résolument tourné vers des enjeux plus terriens en se réorientant vers le phénotypage d’insectes ravageurs avec l’idée de remplacer les pesticides par des insectes dits ˮauxiliaires ˮ dans des cultures à enjeu. La société Innofenso a été créée avec cet objectif, en collaboration avec le chercheur Nicolas Ris, actuel directeur scientifique de la société. Les leçons d’Inalve en matière de captation d’aides publiques ont été répliquées avec le même succès. Lauréat i-PhD en 2021 sur base des travaux d’une chercheuse de l’INRAE, Michela Ion Scotta, (à l’époque, la société s’appelait AgroInnov), lauréate i-Lab en 2023. Parcours similaire pour la startup Evolutive Agronomy présente sur la même table ronde. Lauréate i-Lab également en 2023, cette startup, cofondée par trois docteurs de l’INRAE, Lucie Monticelli (lauréate i-PhD 2021), Antoine Pasquier et Nicolas Desneux, mise aussi sur les solutions de biocontrôle, en ligne avec le plan national Ecophyto 2+ qui vise à réduire de 50 % l’utilisation de pesticides chimiques d’ici 2025. Vaste chantier qui s’annonce en retard.
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