Quand la photographie d'art sublime l'ingénierie sous-marine

Par La rédaction, 4 septembre 2024 à 11:22

La Relève

Cela devient habituel à chaque printemps. Sur le campus de Sophia Antipolis, des étudiants du cycle ingénieur civil de Mines Paris développent des ROV dans le cadre de leur formation et les utilisent à visée scientifique. Cette année, le photographe Jean-Michel Mille les a suivis sous l’eau à la découverte de l’épave du Robuste. Retour poétique sur une plongée d’exception.

Annie et Wall-Y, deux robots sous-marins téléopérés depuis la surface, ont été conçus et développés au printemps dernier par les étudiants du cycle ingénieur civil de Mines Paris, dans le cadre du projet scientifique et pédagogique « Mines Paris pour l’Océan ». Ce projet, dirigé par les professeurs Franck Guarnieri et Sébastien Travadel, a vu le jour, il y a trois ans, sur le campus Pierre Laffitte de Sophia Antipolis.


Ces machines d'avant-garde, capables de plonger jusqu'à 100 mètres de profondeur, avaient pour mission de cartographier l'épave du Robuste II, un navire à vapeur à coque de bois, tragiquement coulé en 1943 par une mine au large du petit port de Golfe-Juan, dans les Alpes-Maritimes. Cette épave, gardienne silencieuse de l'histoire, avait été minutieusement étudiée en 2015 par les archéologues Anne et Jean-Pierre Joncheray, dont les travaux ont profondément enrichi notre compréhension du passé maritime.


Annie, la première des deux machines, est équipée d’un appareil photographique à très haute résolution, tandis que Wall-Y en embarque deux, permettant ainsi, après un traitement informatique sophistiqué, de réaliser des vues sous-marines en trois dimensions d'une qualité saisissante.


Construits pour explorer et mieux connaître les mystères des abysses, Annie et Wall-Y ne se limitent pas à leur fonction d’outils de recherche. Sous l'objectif expert du photographe sous-marin de renom, Jean-Michel Mille, ces robots se métamorphosent en véritables œuvres d'art, révélant une beauté insoupçonnée et mystérieuse.


Les photographies présentées ne sont pas de simples images ; elles sont une invitation envoûtante à découvrir un univers caché, un monde que peu d'entre nous auront l'opportunité rare de contempler de leurs propres yeux. Ces clichés magistraux dévoilent la poésie inhérente à ces machines, conçues pour résister aux pressions écrasantes et pour affronter l’obscurité insondable des profondeurs marines.


Les scènes magnifiques capturées par Jean-Michel Mille incarnent cette fascinante rencontre entre la technologie la plus avancée et une esthétique pure. Elles dépassent la simple documentation scientifique, transcendant leur fonction première pour devenir de véritables tableaux vivants, où la lumière joue et danse sur la faune et la flore, et où les ombres mystérieuses épousent les formes de l'épave engloutie.


Les photographies enchanteresses de Jean-Michel Mille nous entraînent dans un voyage visuel unique, où la technologie et la nature ne sont plus en opposition, mais cohabitent dans une magnifique symbiose. Elles nous rappellent, avec une délicatesse poétique, que même dans les domaines les plus techniques et rigoureux, il existe une beauté ineffable que seul l'art peut révéler.


Quand l'ingénierie sous-marine est sublimée par l'art délicat de la photographie, elle dépasse largement le cadre de l'exploit technique pour se muer en une véritable célébration visuelle du génie humain et de la splendeur insondable des profondeurs marines. Ces images nous offrent une perspective nouvelle et enrichissante, où l'exploration scientifique devient un acte de création artistique à part entière, et où chaque plongée dans l'inconnu est une invitation à découvrir et à redécouvrir la beauté cachée du monde sous-marin.


Mais au-delà de leur esthétique envoûtante, ces images racontent une histoire plus profonde et plus significative. Elles témoignent de l'ingéniosité sans bornes de l'esprit humain et de notre désir incessant, presque obsessionnel, d'explorer et de comprendre les mystères qui se cachent sous la surface de nos océans. Elles mettent en lumière, avec une clarté saisissante, le fragile équilibre entre la quête scientifique et la préservation indispensable des écosystèmes marins. Car si l'ingénierie nous permet de sonder ces mondes inconnus et inaccessibles, elle nous rappelle également, avec une gravité sereine, la responsabilité qui nous incombe de les protéger pour les générations futures.




52 ans d’expérience en plongée sous-marine, 4 000 plongées, scaphandrier…


Jean-Michel Mille est un reporter sous-marin reconnu et accompli. Il a participé à plusieurs missions scientifiques (suivi photographique d’expérience de coralliculture, réimplantation de Pinna nobilis, réintroduction du corb (Corvina Nigra) dans la réserve sous-marine de Monaco) et a participé à des missions de prises de vues sous-marines pour plusieurs parc nationaux et collectivités. Il a notamment illustré l’aquarium du Musée océanographique de Monaco et a participé à plusieurs chantiers archéologiques. Jean-Michel a publié ses photographies dans de nombreux magazines nationaux et internationaux. Il a été décoré Chevalier de l’ordre du mérite culturel par le Gouvernement monégasque pour son travail photographique accompli dans la réserve sous-marine et il a remporté de nombreux prix dont celui de champion de France de photos sous-marines (1990), le prix KODAK au Festival mondial de l’image sous-marine d’Antibes (1985), le Challenge de la mer de Monaco (1998), le Championnat international de photo animalière de Cassis (1999)…

Parution magazine N°46 (septembre, octobre, novembre)

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