Scénomémal !
Arts en scène
La Réunification des deux Corées © Elisabeth Carecchio
Un néologisme pour dire l'incroyable vitalité qui règne ici avec 15 000 abonnés au compteur, 78 spectacles et près de 250 représentations. Des têtes d'affiche à la pelle. Des grands succès de la scène parisienne et du théâtre d'auteur... La nouvelle saison d'Anthéa vole en classe 7ème ciel et le public a des ailes !
Cette année encore, Anthéa frappe fort. Théâtre mais aussi danse, nouveau cirque, concert, opéra, tour de chant, humour… C’est la maison de Daniel Benoin, le directeur des lieux, qui régale, avec un art consommé de la chose et quatre productions concoctées par les soins du patron. Il s’agit de reprises pour trois d’entre elles, Carmen, l’opéra de Bizet, Il a la côte Devos en ouverture de la saison le 19 septembre, et Inconnu à cette adresse où Michel Boujenah donnera la réplique à Daniel Benoin. Pour sa quatrième production du cru 24/25, Benoin déploie grand son éventail théâtral via un auteur contemporain star. Il a en effet choisi de remettre le couvert avec Personne d’autre, une pièce de Botho Strauss qu’il avait montée en 1992 avec l’actrice Anémone.
Notre Amphitryon a également mis les petits plats dans les grands pour accommoder les mets les plus variés aux saveurs de la saison. Ce qui donne des spectacles bien dans leur assiette, rondement mijotés avec du beau monde. La fine fleur du théâtre qualité capitale s’y effeuille. Sophie Marceau et François Berléand pour La note. Alexis Michalik, bel animal de théâtre au pedigree calibré beaux sentiments qui délivre son Passeport, sa dernière création en écho au sort des migrants. François Morel en trio et en mode Art pour la pièce culte de Yasmina Reza. Stéphane Freiss pour Le Cercle des poètes disparus. Noémie Lvovsky et Yvan Attal en formule Video club par l’un des auteurs les plus acclamés du moment, Sébastien Thiéry…
Rayon grandes toques des feux de la rampe, certaines préfèrent mettre leur grain de scène en solo. C’est le cas de la divine Isabella Rossellini avec Le Sourire de Darwin ou d’Audrey Tautou pour son grand retour sur les planches. Á partir du récit de David Foenkinos, celle-ci raconte La vie de Charlotte Salomon, une jeune peintre juive tuée dans les camps de la mort nazis. Autres solistes émérites, Clémentine Célarié avec Je suis la maman du bourreau, qui a fait sensation dans le festival off d’Avignon 2023 et partout où il a été donné depuis. Fabrice Luchini dans La Fontaine et le confinement. Alex Lutz en cavalier seul, avec deux chevaux. L’humoriste Pablo Mira pour l’étiquette vu à la télé dans l’émission Quotidien. Panayotis Pascot en nouveau James Dean fuseur de rire à l’ouest de son ADN, Docteur Jekyll et Mister Hype du récit de soi… Il s’en passe de belles sous le gril d’Anthéa et ce n’est qu’un aperçu.
Car vous n’avez pas encore tout vu…
Au-delà de ces noms connus, la saison poursuit ses péripéties, égrène ses différents épisodes comme un feuilleton plein de rebondissements. Elle promet des morceaux de bravoure et des pépites dans le sillage d’artistes de la scène qui œuvrent au premier plan de leur art. Joël Pommerat, Ivo van Hove, Georges Lavaudant, Tiago Rodrigues sont du nombre. Pommerat pour une reprise de l’un de ses spectacles cultes La réunification des deux Corées, magnifique ode à l’amour fou qui n’a rien d’un théâtre à la chicorée. Ivo van Hove pour une transposition à la scène de deux films d’Ingmar Bergman, Après la répétition / Persona. Autrement dit attention chefs d’œuvre, revisités comme deux moitiés d’une orange ou comme un spectacle deux en un porté par la prestation de son interprète principale, Emmanuelle Bercot. Lavaudant qui, lui, se frotte à l’univers de Kafka avec Rapport pour une académie. Tiago Rodrigues, grand patron du festival d’Avignon, en duo avec la Comédie-Française pour Hécube, pas Hécube, sa nouvelle création présentée lors de la dernière édition du festival. Faire flamboyer le verbe et les textes, arts scéniques et travail de dentelle : on est ici en plein dans cette finesse d’exécution ! Danser, chanter, être une salle de concert, une piste aux étoiles… Anthéa fait aussi sortir tout ça de son chapeau, en beauté ! La preuve avec les chorégraphes cinq étoiles que sont Anne Teresa De Keersmaeker pour Exit Above, Jean-Claude Gallotta pour Cher Cinéma ou Olivier Dubois qui a ciselé un solo écrin, For Gods only, pour la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot. Avec l’extravagance des Ballets Trockadero de Monte Carlo et leur réjouissant vague à l’homme. Avec le cirque Le Roux tout en hautes voltiges et fulgurances visuelles inspirées par le cinéma dans les faisceaux de leur dernier opus, Entre chiens et louves. On va grimper au rideau, en somme. Anthéa fait tout pour !
Dynamique intensive
Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Depuis douze ans, la question ne se pose même pas. Commandant de bord du vaisseau Anthéa, Daniel Benoin a toutes les raisons d’être sur un petit nuage. On pourrait même dire que ça plane pour lui, au vu d’un succès qui ne se dément pas et qui fait du théâtre antibois la salle de spectacle la plus courue de l’Hexagone après la Comédie-Française ! Fort de quoi, après avoir retrouvé un taux de fréquentation encore plus élevé qu’avant l’ère covid, Anthéa caracole vers de nouvelles aventures toujours aussi trépidantes. Diversité dans la palette des productions invitées. Poursuite d’une dynamique intensive de créations et de coproductions. Qui dit mieux ? « Nous avons rempli à 92 % la saison dernière. Comment encore étonner après douze ans, s’interrogeait Daniel Benoin lors de la présentation de la nouvelle saison à la presse, comment susciter le désir du public ? Sans doute passe-t-on un cap avec cette douzième saison et on va poursuivre de plus belle dans ce sillon qui est celui d’Anthéa : fêter l’art du spectacle sous toutes ses formes ! » Divertir. Brûler les planches avec une affiche d’enfer… Á Anthéa, le démon du théâtre est aux anges !
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